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Laïcité : Paprec tente le diable

Actu | À suivre | publié le : 05.03.2014 | Stéphane Béchaux

Le spécialiste du recyclage veut bouter la religion hors ses murs. Une initiative très contestable.

Mais quelle mouche a donc piqué Jean-Luc Petithuguenin ? Depuis cet automne, le patron du Groupe Paprec s’emploie à mettre sur pied une « charte de la laïcité et de la diversité » opposable à ses troupes. Une initiative purement militante. « Nous n’avons pas de problème, nous agissons à froid. Mais je vois dans quel monde je vis. Un certain nombre de mes collaborateurs veulent être protégés de toute pression communautaire », plaide le P-DG de ce spécialiste du recyclage.

Rédigé en septembre, adopté en comité exécutif puis validé par les représentants du personnel de toutes les entités, le texte ne se contente pas de rappeler les grandes valeurs humanistes qui animent l’entreprise. Dans ses articles 5 et 7, il se veut, aussi, contraignant envers les 3 700 salariés hexagonaux. Il leur impose, ainsi, un « devoir de neutralité » en leur interdisant d’exprimer « leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leur travail ». De même, il prohibe le « port de signes ou tenues » de nature à manifester « ostensiblement une appartenance religieuse ». Des règles strictes mais… parfaitement illicites, Paprec ne pouvant faire siens les principes de laïcité réservés au seul service public. « On veut les adapter au monde de l’entreprise, pas violer les lois de la République. Si un juge dit que c’est excessif, on modifiera la charte », promet Jean-Luc Petithuguenin.

La sanction pourrait intervenir plus tôt, sans attendre, par exemple, qu’une femme voilée saisisse les tribunaux pour discrimination. Car le groupe, qui entend intégrer le texte à son règlement intérieur, doit d’abord obtenir l’aval des inspecteurs du travail des différentes entités. Une étape périlleuse, comme l’admet la DRH, Géraldine Bulot : « On va voir comment ils nous répondent. Si besoin, on adaptera notre démarche, faite en toute bonne foi. » Mais en toute maladresse. Car l’initiative, en plus de faire polémique, brouille les repères. Parmi ses soutiens figure, ainsi, le conseiller République et laïcité de Marine Le Pen. Pas sûr que Jean-Luc Petithuguenin apprécie.

Auteur

  • Stéphane Béchaux