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Faut-il modifier l’accès à l’assurance chômage ?

Actu | L’éco du mois | publié le : 05.03.2014 | Sandrine Foulon

oui
Marion Cochard Économiste à l’OFCE.

Même si abaisser le seuil d’éligibilité a un impact limité. En cette période de crise durable, qui a porté le nombre de chômeurs à plus de 3 millions, il est indispensable que l’assurance chômage joue son rôle de stabilisateur automatique en soutenant le revenu des ménages, et par là l’activité. D’autant que les données de Pôle emploi montrent depuis le début de la crise un raccourcissement de la durée d’indemnisation des entrants. Fin décembre 2012, 400 000 demandeurs d’emploi se voyaient refuser une indemnisation en raison d’une durée d’affiliation insuffisante, reflet d’une précarisation croissante du marché du travail, où 70 % des contrats signés ont une durée de moins d’un mois. Une grande majorité de ces précaires sont des jeunes, ayant trop peu cotisé pour accéder à l’indemnisation chômage et alternant périodes d’emplois précaires et récurrence au chômage. Les droits rechargeables en cours de négociation sont l’outil le plus efficace pour renforcer les droits à l’assurance chômage des précaires. Mais ils laissent de côté les entrants, les plus jeunes au début du processus d’insertion sur le marché du travail. Abaisser le seuil d’éligibilité leur permettrait d’accéder plus rapidement à l’indemnisation chômage. Mais cette mesure a ses limites : ce seuil a déjà été abaissé en 2009. Il est aujourd’­hui le plus bas des pays développés et n’a pas empêché la forte progression de la non-indemnisation. Ensuite, un nouvel abaissement donnerait aux demandeurs d’emploi un accès plus rapide aux prestations chômage, mais pour des durées plus courtes. Plus qu’une hausse globale de l’indemnisation chômage, le principal effet d’une telle mesure serait d’en fractionner la durée.

non
Philippe Waechter Directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management.

L’économie n’est plus en récession, mais avec une hypothèse de croissance de 1 % en 2014 il y aura peu de créations d’emplois et le marché du travail va rester très hétérogène avec la multiplication de contrats courts.

La sécurisation des parcours professionnels suggère une plus grande fluidité entre les diverses phases qui peuvent être traversées sur le marché du travail. C’est, me semble-t-il, dans l’esprit de la réforme adoptée l’an dernier. Il ne s’agit pas d’assouplir les conditions d’accès à l’assurance chômage, mais le maintien d’une période de travail réduite pour toucher l’allocation est essentiel. L’allongement de la durée nécessaire pour la prise en charge serait contre-productif en créant un décalage fort entre les structures très différenciées du marché du travail et les conditions de l’allocation. Les expériences récentes aux États-Unis (en Caroline du Nord) montrent qu’un durcissement des conditions dans le versement des allocations se traduit davantage par du travail au noir et des chômeurs qui sortent du marché du travail et des statistiques. En outre, un tel dispositif s’accompagnerait de pressions à la baisse des salaires. En d’autres termes, un allongement de la période nécessaire pour obtenir l’allocation pourrait permettre une réduction des contraintes pesant sur l’allocation chômage, notamment sur le déficit du régime, mais créerait un déséquilibre ailleurs. Dans cette période de crise, faut-il prendre le risque de fragiliser encore plus le marché du travail et remettre davantage en cause le modèle social Il faut modifier et réformer ce dernier, mais c’est d’une réforme plus globale que celle portant uniquement sur l’allocation chômage dont nous avons besoin.

POUR EN SAVOIR PLUS

Indemnisation du chômage en Europe

http://www.unedic.org/article/indemnisation-du-chomage-en-europe

Assurance chômage : six enjeux pour une négociation, Bruno Coquet. « Policy Paper », janvier 2014

http://www.institut-entreprise.fr/les-publications/assurance-chomage-six-enjeux-pour-une-negociation

Auteur

  • Sandrine Foulon