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Le journal des RH

Les organismes de formation attentistes

Le journal des RH | Formation | publié le : 03.02.2014 | Valérie Grasset-Morel

Fin du 0,9 % plan de formation et du DIF, création du compte personnel de formation, priorité aux qualifications : les formateurs approuvent plutôt la réforme, mais attendent la loi et ses décrets.

C’est une réforme importante qui fait bouger tous les curseurs : circuits de financement, plans de formation, contrats de professionnalisation, apprentissage, qualifications… », observent Vincent Cohas, DG du groupe Cesi, et Sophie Crespy, directrice de Cesi-Entreprises. Même s’il faut attendre le vote de la loi et les décrets pour en mesurer la réelle portée. Avec la suppression du 0,9 % plan de formation des employeurs de plus de 10 salariés, une page se tourne. « On quitte la logique fiscale en instaurant un contrôle social avec un entretien professionnel tous les deux et six ans, des accords d’entreprise et de branche sur la formation et la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, le rôle accru des représentants du personnel. C’est le signe d’une plus grande responsabilisation des entreprises, qui devraient considérer la formation davantage comme un investissement. »

A priori, les organismes de formation n’ont pas de crainte à avoir sur une baisse de leurs ventes de formations : « Les grandes entreprises dépensent plus que leur obligation légale de 1,6 % [le taux moyen de participation est de 2,73 % de la masse salariale]. On peut donc supposer que celles employant plus de 300 salariés maintiendront leur effort sans obligation minimale », note Sophie Bolloré, P-DG de Docendi, organisme de formation au management, au développement personnel et à la communication.

En revanche, la suppression de la béquille fiscale pourrait avoir un effet négatif dans les entités de 50 à 299 salariés, puisque l’ANI de décembre 2013 a prévu d’abaisser à 0,10 % leur contribution « plan ». « Il faudra être vigilant sur la mutualisation de ces fonds au profit des PME, comme sur la réduction des contributions au titre des contrats de professionnalisation », relève Jean Wemaëre, P-DG de Demos. De son côté, le Cesi, qui forme par l’apprentissage jusqu’aux titres d’ingénieur, s’inquiète de la réforme du financement de cette filière qui « risque de pénaliser l’apprentissage dans le supérieur ».

La création du CPF en remplacement du DIF est favorablement accueillie par les prestataires de formation. « Ceux positionnés depuis longtemps sur des formations qualifiantes et métiers ont de l’avance sur les organismes proposant des formations courtes et transversales », remarque Philippe Joffre, P-DG de Paradoxes (conseil aux professionnels de la formation). Mais impossible de transformer les catalogues DIF en offre CPF car, pour être éligibles, ces formations devront être certifiantes et figurer sur des listes élaborées par les partenaires sociaux.

Philippe Joffre prédit « de nombreux rapprochements organismes-universités et une course aux diplômes, à rebours de la logique prônée par la validation des acquis de l’ex­périence, et des habillages de formations transverses en formations métiers ».

Auteur

  • Valérie Grasset-Morel