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Idées

La victoire des riches

Idées | Livres | publié le : 31.12.2013 | J. M.

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La victoire des riches

Crédit photo J. M.

Jean-Louis Servan-Schreiber part du constat qu’il y a dé­sormais des riches partout. Mais, comme le rappelle celui qui fut journaliste dans la presse économique pendant trente ans, les inégalités existent aussi entre les riches : l’écart entre les fortunes du bas et celles du haut de ce peloton de tête varie de 1 000 à 60 000 ! Son livre commence par une radiographie de ces riches que l’on connaît bien moins, statistiquement parlant, que les pauvres. Il évoque la richesse des sportifs, de certains romanciers à succès, d’architectes ou de designers et, bien sûr, des P-DG aux salaires « mirobolants ». « Ceux qui parviennent à faire gagner de l’argent aux autres, ou à leur faire croire, se font payer très cher », observe Jean-Louis Servan-Schreiber. Du coup, la fracture inégalitaire s’accroît, d’autant plus que la « facture » de l’égalité devient de moins en moins supportable par les divers mécanismes de solidarité de l’État providence. La réalité sociale moderne s’impose dans toute sa violence : « Les chômeurs réalisent qu’on n’a plus besoin d’eux. » L’auteur insiste toutefois sur le fait que la France a réussi jusqu’à présent à limiter l’accroissement des inégalités en faveur des riches, contrairement à ce qui se passe dans le reste du monde, notamment aux États-Unis et en Chine. Les nouveaux besoins des riches ont donné un essor formidable à toutes les activités du luxe. Pour terminer, l’auteur se demande si la richesse est morale. « Les manières de devenir riche se sont rapidement diversifiées grâce à la sophistication financière, se borne à remarquer l’essayiste ; leur complexité même rend difficile d’apprécier moralement un mécanisme que l’on comprend mal. » Il estime que le « culte du veau d’or » qui s’est ranimé à notre époque l’a fait presque par défaut, faute d’une autre valeur universelle qui puisse s’imposer aux hommes. Mais, insiste-t-il, « une société trop manifestement injuste sera de moins en moins tolérée ». Son livre a le mérite d’exposer l’ensemble des données du problème, sans pathos ni polémique.

Pourquoi les riches ont gagné, Jean-Louis Servan-Schreiber.

Éditions Albin Michel. 156 pages, 14,50 euros.

Auteur

  • J. M.