Un délégué syndical, c’est à la fois une assistante sociale, un curé et un saint-bernard. » Depuis plus de trois mois, Denis Jean-Baptiste joue plutôt les pompiers pour éviter ce qui pourrait être la plus grande catastrophe sociale depuis la fermeture de Moulinex en 2001 : de 2 000 à 3 000 postes menacés sur 5 200 salariés, 7 000 avec les sous-traitants…
Dès juillet, ce cédétiste réformiste alerte Bercy sur les risques de faillite du transporteur Mory Ducros. Un an plus tôt, le fonds d’investissement Caravelle rachetait la société Mory et la fusionnait avec Ducros (ex-filiale de DHL) pour en faire le numéro deux français de la messagerie, derrière Geodis. Trop tard ! Car le secteur, affecté par la crise, est en pleine tempête. En 2012, le transporteur totalise 80 millions d’euros de dettes. « La profession, les politiques, les syndicats…, tout le monde savait que cela allait mal finir, mais plutôt que d’anticiper les reclassements, on a préféré fermer les yeux, déplore ce militant, vingt ans d’ancienneté au compteur. Le mal français ! On attend d’avoir le nez dedans pour voir comment ça sent. »
Pour la CFDT, majoritaire, le responsable de tout ce gâchis, c’est le P-DG, André Lebrun, qu’elle égratigne dans une lettre adressée à la direction du groupe. Placé en redressement judiciaire et en période d’observation durant six mois, Mory Ducros espère éviter la sortie de route grâce à un repreneur ou un nouvel investisseur. Ce fils de cégétiste et maire de sa commune, Saint-Marceau (Ardennes), y croit dur comme fer. Le dialogue plus que les pneus brûlés en guise d’arme de séduction massive.
Denis Jean-Baptiste
Secrétaire CFDT du comité d’entreprise de Mory Ducros.