Leurs traits sont tirés après sept semaines de formation au Cnam mais, dans les yeux de Peggy et Michaël, on lit de la fierté. Avec sept de leurs collègues, ils font partie de la première promotion de Cap exécution cadre, la nouvelle filière de formation lancée par le groupe EDF à la rentrée universitaire. Sélectionnés parmi une trentaine de candidats, ces agents d’exécution, souvent titulaires d’un bac professionnel, vont préparer une licence professionnelle en sciences de l’ingénieur ou en management, puis un master professionnel pendant quatre ans. La formation s’organise en alternance. « Dans quatre ans, nous pourrons prétendre à un poste de cadre, explique Michaël. C’est un vrai tremplin pour nos carrières. »

EDF tente ainsi de renouer avec les dispositifs internes de promotion sociale qui s’étaient peu à peu essoufflés. « Cap exécution cadre trouve son origine dans l’accord Défi formation qui structure depuis trois ans notre politique de formation et de développement des compétences, explique Marianne Laigneau, la DRH groupe. Nous sommes la seule entreprise du CAC 40 qui permet à ses salariés du collège exécution de devenir cadres sans passer par la maîtrise. » Depuis 2011, 450 salariés du groupe sont entrés dans l’un des dispositifs d’accélération des carrières du groupe (Cap initiative cadre ou Cap initiative maîtrise). Pour cette nouvelle formation, l’électricien s’appuie sur l’Institut Vaucanson du Cnam. Les partenaires se connaissent déjà pour travailler ensemble sur les questions d’apprentissage. « Notre ADN est de permettre à des salariés d’attraper l’ascenseur social. L’Institut Vaucanson est une réponse à la question de la poursuite des études des titulaires d’un bac professionnel, que les BTS et DUT n’acceptent plus », explique Olivier Faron, l’administrateur général du Cnam. Encore expérimental, Cap exécution cadre se veut innovant sur le plan pédagogique. Avant d’intégrer la formation, les neuf agents d’EDF ont réalisé une validation des acquis professionnels avec les équipes du Cnam. Pendant huit semaines, les neuf salariés ont dû rédiger un dossier qui présente leurs compétences et leurs acquis. Ils ont ensuite rejoint la centaine d’étudiants sélectionnés cette année par l’Institut. « Ce qui nous a séduits et convaincus, c’est ce brassage de générations et le fait que les étudiants travaillent sur la base de projets bien concrets », explique Marianne Laigneau. « Avec ces projets, nous apprenons à lire un cahier des charges, à gérer une équipe, un rétroplanning », explique Peggy.

Sans attendre la fin de cette expérimentation, EDF et ses partenaires sociaux espèrent pouvoir régionaliser la nouvelle formation. L’Institut Vaucanson, présent à Paris et à Rennes, pourrait, de son côté, essaimer en s’appuyant sur ses 25 centres en région pour répondre à la demande. Une piste encore à étudier.