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La retraite, un sujet anxiogène

Actu | Baromètre | publié le : 02.12.2013 | J.-P. C.

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> Avez-vous entendu parler de la réforme des retraites ?

Crédit photo J.-P. C.

Observatoire français des retraites Ipsos/CGI/UMR-Corem/Liaisons sociales magazine

On l’avait un peu perdu de vue dans le climat social actuel, mais la France est en train d’achever une nouvelle réforme des retraites. Trois ans après celle du gouvernement Fillon. Les Français, eux, ne l’ont pas oublié, qui ruminent leur colère à l’égard d’une énième loi, jugée par avance insuffisante. Les mesures d’économies prévues ne suscitent pas l’adhésion de nos concitoyens, on s’en serait douté. Mais ils sont désormais une majorité à approuver le report de l’âge de départ à 62 ans, ce qui constitue une nette évolution de tendance. Reste que le sentiment qui ressort de cette douzième édition de l’Observatoire français des retraites, c’est l’inquiétude grandissante sur ce sujet sensible. Ce qui rajoute à la déprime du pays.

Une réforme floue

Près d’un Français sur six ignore qu’une réforme des retraites vient d’être discutée au Parlement. C’est moyennement surprenant compte tenu du fait que le projet concocté par le gou­vernement Ayrault n’a pas suscité de grand débat de société ni rencontré une forte opposition politique ou syndicale. Et que l’exécutif a tardé à abattre ses cartes, attendant que ses nouveaux interlocuteurs soient en place au Medef et à la CGT. Mais quel contraste par rapport à 2010 !

Toujours plus inquiets !

L’inquiétude des Français face à la retraite continue de monter, qu’il s’agisse de leur santé ou de leur niveau de vie future. Par rapport à l’automne 2010, en pleine réforme Fillon, ce regain de pessimisme est spectaculaire. Le degré de confiance a chuté de près de 20 points. S’agissant du montant de leur pension, le pourcentage de Français sereins a baissé de moitié (de 32 à 18 %) en trois ans ! Avec une mention pour les femmes, dont le niveau de confiance est de 3 à 4 points au-dessous de l’ensemble des Français. Les moins inquiets ? Les retraités !

Une colère intacte

Certes, la réforme prévoit un nouveau tour de vis. Mais moindre que celle de 2010 reportant l’âge de départ de 60 à 62 ans. Or le sentiment de colère qui animait une majorité de nos concitoyens il y a trois ans a monté d’un cran (+ 4 points). Le pourcentage de résignés progresse fortement (+ 11 points, à 56 %). Et il y a plus de trois fois moins de Français « soulagés » qu’en 2010. Quand ça ne veut pas sourire !

Zéro pointé

C’est peu dire que la réforme des retraites fait flop. Fin 2010, 45 % des Français jugeaient la réforme Fillon « injuste », 69 % font le même reproche à la réforme Ayrault ; un Français sur dix, seulement, considère celle-ci « suffisante », un sur cinq « ambitieuse ». Et… 4 % des sondés sont totalement convaincus que les mesures préparées par l’actuelle majorité vont sauvegarder le système de retraite. Ils étaient 8 % en 2010, avec une réforme qui avait, certes, un impact plus fort sur les comptes des régimes.

Moins de fourmis

Le pourcentage de Français qui déclarent épargner en vue de la retraite est désormais inférieur à celui des non-épargnants. En 2009, l’écart était de 9 points en faveur des « fourmis ». Vu l’inquiétude des Français, la dégradation de la conjoncture, qui amoindrit leur capacité d’épargne, est l’explication la plus probable. Sans oublier la prégnance de la logique de répartition.

Départ à 62 ans : digéré

L’état d’esprit des Français a changé en trois ans, puisqu’une majorité approuve le maintien de l’âge de départ à 62 ans – seulement 14 % se prononçaient, avant la réforme Fillon, pour un report après 60 ans. La prise en compte de la pénibilité fait un tabac. En revanche, toutes les mesures d’économie (allongement de la durée et hausse de cotisation, report de six mois de la revalorisation des pensions) sont désapprouvées. Mais pas de façon massive. Ce qui confirme le sentiment de colère… résignée.

Épargne : pas davantage

La réforme Ayrault ne modifie pas globalement les intentions d’épargne. Reste à surveiller l’évolution des 30 % de Français qui se déclarent davantage incités à mettre de côté, par des mesures jugées, on l’a vu, insuffisantes.

Auteur

  • J.-P. C.