logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le journal des RH

Les Mooc vont-ils révolutionner la formation ?

Le journal des RH | Formation | publié le : 02.11.2013 | Valérie Grasset-Morel

Les Mooc constituent-ils une révolution ou un habillage marketing ?

Les massive open online courses, cours en ligne ouverts à un très large public, la plupart du temps gratuits, touchent aussi bien l’enseignement supérieur que la formation des adultes. Deux premiers Mooc francophones, ITyPA (« Internet, tout y est pour apprendre ») et « Gestion de projet » (de l’École centrale de Lille), ont attiré des milliers d’internautes dès la fin 2012. Ce dernier a réuni 3 900 personnes dans sa première édition, soit l’équivalent de 200 groupes de 18 ou quatre amphis de 1 000 participants ! Pour autant, je ne parlerai ni de révolution ni d’habillage marketing.

Qu’est-ce que ces cours apportent de nouveau ?

On distingue deux sortes de Mooc : les x-Mooc qui mettent à la disposition des internautes inscrits, via une plate-forme dédiée, des contenus, des vidéos d’enseignants appartenant à une institution éducative. Et les c-Mooc misant sur l’apprentissage en réciprocité des participants via des sites comme Wikiforum ou Facebook. L’équipe pédagogique joue un rôle de facilitation des échanges, de stimulation, de synthèse des contributions des participants. Les formateurs sont obligés de réinterroger leurs pratiques. On est très loin du face-à-face pédagogique et même de l’e-learning. Là se situe la vraie révolution.

Voit-on émerger un nouveau marché ?

Le principe des Mooc, c’est la gratuité. Mais derrière, il y a descoûts : plates-formes, ressources rares qui y sont diffusées, ingénieries pédagogique et informatique, communication (dimension événementielle et recrutement des participants), temps d’animation, de tutorat… Un marché se met en place. D’après Chrysanthos Dellarocas, de l’université de Boston, la situation des Mooc est déficitaire. Le coût d’un projet est évalué à 60 000 euros pour sa conception. L’université de San José (Californie) chiffre à quatre cents heures le temps de développement d’un cours. Mais déjà une question se pose : l’utilisateur devra-t-il payer à terme ? Le renouvellement de la propriété de l’œuvre numérique est une autre interrogation. Quel est le sens de « propriété » quand elle devient un bien d’usage commun ?

Qui fréquente les Mooc ?

En France, on retrouve les mêmes caractéristiques chez les internautes et les stagiaires de la formation continue : 80 % ont plutôt un niveau bac + 5, sont cadres, etc. Les Mooc sont loin de concerner toute la population. Derrière leur gratuité apparente, ils pourraient bien masquer un mode élitiste d’apprentissage excluant ceux qui auraient besoin de se former, notamment les moins dotés de capacités d’autoformation et de conception de projet.

Denis Cristol Chercheur associé au Centre de recherche éducation et formation (Cref), université Paris Ouest Nanterre La Défense.

Auteur

  • Valérie Grasset-Morel