Conseiller social auprès de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2008, puis délégué général à l’Emploi et à la Formation professionnelle jusqu’en 2012, Bertrand Martinot est un économiste qui connaît sur le bout du doigt la question de l’emploi. Il commence son livre par un étonnement et un refus : la permanence d’un chômage de masse en France, quel que soit le gouvernement en place, et même lorsque la conjoncture s’améliore. L’espèce de résignation qui s’est emparée des Français face à cet état de fait ne lui paraît pas acceptable. Son ouvrage va donc consister à analyser le mal, avec une précision chirurgicale, et à proposer des solutions. Chômage structurel, travail surtaxé, smic aux modalités destructrices pour les jeunes les moins qualifiés, pagaille à Pôle emploi, tout se ligue selon l’auteur contre la réduction du chômage par la création d’emplois. La vraie, car il consacre un chapitre au vitriol contre ces ersatz d’emplois que sont les contrats aidés.
Le problème des jeunes est longuement évoqué dans cet ouvrage. Pour Martinot, la politique qui marche, c’est l’alternance ou l’apprentissage. Le chapitre sur l’assurance chômage évite les mauvais procès sur la trop grande générosité supposée de notre système, pour aller à la question essentielle : comment parvient-on à « stimuler » la recherche d’emploi sans démanteler la protection des chômeurs ?
Pour finir, l’économiste regrette que l’État ait été presque le seul régulateur concernant l’emploi : licenciements en 1973, 39 et 35 heures, législation sur les CDD, sur les plans sociaux, lois Aubry, etc. Du coup, « l’essentiel de la régulation de l’emploi repose, en France, sur des normes étatiques aboutissant à un Code du travail pléthorique ». On laisse le lecteur découvrir les pistes de réformes proposées : smic jeunes, modulation des cotisations employeurs à l’indemnisation chômage par un système de bonus-malus, évaluation et simplification de la politique de l’emploi, flexisécurité et nouvelle régulation de l’emploi… Non, on n’a pas encore « tout essayé ».
Chômage : inverser la courbe, Bertrand Martinot. Éditions Manitoba. 192 pages, 19 euros.
