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Décodages

« En France, « En France, nous confondons paritarisme et dialogue social »

Décodages | Management | publié le : 02.11.2013 | Anne-Cécile Geoffroy, Sandrine Foulon

Comment Allianz est-il sorti des années de crise économique ?

En 2008, nous avions nommé notre plan stratégique « Réussir la crise ». Ce choix n’était pas anodin. C’était une façon de faire comprendre que ce ne serait pas facile de traverser la crise. Elle a entamé la confiance de nos clients et le regard qu’ils portent sur le monde financier. Notre plan stratégique actuel « Réussir notre croissance » signifie qu’il faudra trouver notre chemin dans un monde sans croissance. Il nous faudra aller la chercher là où elle est ! Allianz est sorti plus fort de la crise. Nous avons renforcé notre solidité financière et notre technicité. Il nous reste à aller vers plus de simplicité dans notre offre, plus de rapidité dans nos réponses aux clients.

Pourquoi faire d’Allianz une entreprise 100 % digitale ?

Le digital est une dimension incontournable de la relation avec nos clients. En même temps, la proximité avec le client est multiforme et doit le rester. Un même client souscrira une assurance automobile en ligne et gérera le lendemain son patrimoine avec un conseiller. D’ici à 2016, nous souhaitons que 25 % de nos contrats avec les particuliers se fassent par Internet. Notre défi est d’accompagner ces changements de comportements sociétaux.

Comment ces évolutions sont-elles vécues en interne ?

L’enquête de climat social montre que l’engagement des salariés progresse. J’entends qu’il y a une demande d’explication sur la stratégie, le rythme des réorganisations. Allianz est une entreprise dont l’ADN est très technique. Nous devons travailler sur notre façon d’être.

Êtes-vous tenté de délocaliser des activités hors cœur de métier ?

La question à se poser est de savoir si l’on a besoin ou non de délocaliser et pourquoi on le fait. La réalité, c’est que le client exige des produits toujours moins chers. Sur l’informatique, par exemple, le groupe a décidé que trois plates-formes suffisaient pour couvrir ses activités dans le monde. La France pourrait en abriter une. Les informaticiens ont toujours un rôle à jouer chez Allianz en France. Ce n’est pas forcé­ment le cas pour d’autres activités.

Le salarié-consommateur est-il schizophrène ?

Ce qu’il exige en tant que client, le salarié n’est pas prêt à en accepter les conséquences dans l’entreprise. Cela me fait penser au projet de loi Hamon sur la consommation qui veut offrir la possibilité de résilier son contrat auto ou habitation au bout d’un an. La loi pousse les clients à passer par des comparateurs de prix pour mettre en concurrence les assureurs. Que vont faire ces derniers ? Payer Google pour se faire référencer et au final augmenter le prix de leurs contrats ! Ce projet de loi s’inspire de la téléphonie qui s’est ouverte à la concurrence. Mais notre secteur est déjà ultraconcurrentiel avec les mutuelles et les bancassureurs.

Le gouvernement veut supprimer l’exonération fiscale de la participation de l’employeur aux contrats de santé collectifs et réintroduire des clauses de désignation des complémentaires…

À un moment où les remboursements de la Sécurité sociale sont de plus en plus contraints, l’accès à une complémentaire santé est un droit important pour les salariés. En décidant de surtaxer ces contrats, le gouvernement enclenche une dynamique de réduction des garanties offertes. Quant aux clauses de désignation, le Conseil constitutionnel vient de confirmer leur abrogation. Tous les accords de désignation sont donc illégaux. En tant que citoyen, je m’interroge sur la volonté affichée par le gouvernement de réintroduire ces clauses en dépit de l’avis de l’Autorité de la concurrence, de la position du Conseil d’État, des décisions du Conseil constitutionnel. Cela fait beaucoup !

Comptez-vous sur le Medef pour vous soutenir sur ce dossier ?

En France, nous confondons paritarisme et dialogue social. Nous comptons donc d’abord sur le droit. Nous nous tournerons si nécessaire vers le Conseil constitutionnel et l’Europe.

Jacques Richier

58 ans.

1985

Auditeur interne au groupe Azur Assurances.

1998

P-DG du groupe Azur Assurances.

2000

DG puis P-DG de SwissLife France.

2008

DG d’AGF SA.

2010

P-DG d’Allianz France.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy, Sandrine Foulon