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Rouen, côté social

Au chevet des exclus de l’emploi

Rouen, côté social | Métropoles | publié le : 04.10.2013 | Anne-Cécile Geoffroy, Manuel Sanson

Dans le département, des solutions sont proposées pour aider une partie de la population en difficulté à retrouver du travail.

L’agglomération rouennaise souffre de la crise. 7,4 % de la population départementale vit du RSA (43 000 bénéficiaires en Seine-Maritime) contre seulement 6,3 % au niveau national. Premier objectif des politiques locales ? Sortir les exclus de la précarité et de la dépendance. Dans ce domaine, département et région sont sur le front. Revue des dispositifs favorisant l’emploi des personnes qui en sont éloignées.

Le contrat d’accès à la qualification (CAQ). Porté par le conseil régional, il s’adresse aux jeunes sans emploi de 16 à 25 ans sortis sans diplôme du système scolaire. « L’objectif, c’est de les faire raccrocher », commente Alain Le Vern, président du conseil régional de Haute-Normandie. Selon une étude parue en 2011, 28,8 % des jeunes Hauts-Normands de 15 à 24 ans non scolarisés ne possèdent aucun diplôme, contre une moyenne nationale de 26,8 %. La collectivité a donc engagé une enveloppe de 10 millions d’euros pour ce dispositif. Depuis son lancement en 2011, 1 000 contrats ont été signés. Chaque jeune est accompagné par un référent au sein des missions locales. Ils déterminent ensemble un parcours de formation pour préparer un CAP ou un BEP. « On fait du cousu main pour chaque jeune », rapporte le président de la région. Chaque contrat se voit accorder entre 400 et 1 200 heures de formation. Sous réserve de son assiduité, le jeune bénéficie en retour d’une allocation financière du conseil régional pendant sa formation.

L’aide régionale à l’emploi insertion (ARE). Ce dispositif est piloté par le conseil général de Seine-Maritime. Lancé en 2011, il s’adresse aux travailleurs en difficulté ou handicapés. La collectivité territoriale soutient financièrement – jusqu’à 8 000 euros par emploi – les entreprises locales qui embauchent en CDI à temps plein ou partiel. En 2013, l’ARE devrait créer 45 emplois pérennes. Coût : 800 000 euros. « Ce dispositif s’adresse aux entreprises à la recherche d’une main-d’œuvre peu qualifiée », décrypte Jean-Luc Cleret, directeur du service économie et emploi au conseil général. Avec cette initiative, la collectivité entend participer à la réinsertion des personnes en difficulté, tout en travaillant à son propre redressement. Ces recrutements permettent de sortir les bénéficiaires du parcours RSA. Un poste de dépenses qui ne cesse d’enfler. En avril, la Crea dénombrait plus de 18 000 allocataires.

L’aide départementale à l’insertion professionnelle.

Dans la même veine, le conseil général contribue au soutien des entreprises locales qui embauchent des bénéficiaires du RSA en contrat unique d’insertion (CUI). « En plus des subventions de l’État, cela représente jusqu’à 35 % du smic horaire brut par mois et par emploi », détaille Jean-Luc Cleret. En 2012, 400 000 euros ont été engagés pour financer ce dispositif. La collectivité propose aussi aux entreprises et aux nouveaux salariés un service de « conseiller emploi ». « Celui-ci permet de suivre au quotidien les gens pour éviter qu’ils ne se retrouvent en situation d’échec », justifie le directeur pour l’économie et l’emploi. Ce service départemental, mis en place en 2009, suit chaque année environ 80 bénéficiaires du RSA en réinsertion professionnelle.

M. S.

« La désindustrialisation nous touche plus que d’autres »
Yvon Robert
Maire de Rouen et vice-président de la Crea

Comment l’économie rouennaise vit-elle la crise ?

Entre fin 2011 et fin 2012, la progression du nombre de chômeurs s’inscrit dans la tendance nationale, à 6 %. À l’échelle du bassin d’emploi de Rouen, en revanche, nous sommes un point au-dessus de la moyenne. Cela s’explique d’abord par la forte présence du secteur industriel. La désindustrialisation, à l’image de Petroplus, nous touche plus que d’autres villes.

Quels sont les atouts du territoire rouennais ?

Les secteurs industriels traditionnels – chimie, automobile… – et portuaires restent, malgré tout, des moteurs pour notre économie. Nous devons continuer à nous appuyer sur eux pour assurer notre développement.

Et ses faiblesses ?

Rouen n’accueille pas assez de sièges sociaux de grandes entreprises nationales. Nous manquons de centres de décision de haut niveau. Nous devons travailler à entraîner des « délocalisations » de Paris vers Rouen. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire…

De quels leviers disposez-vous ?

Les élus locaux ont peu de prise sur la création d’entreprise. Leur mission consiste à instituer un contexte favorable. Cela passe par la réalisation de grandes infrastructures comme la nouvelle ligne Paris-Normandie et le contournement est. Cela passe aussi par le développement de notre offre culturelle, sportive, universitaire, touristique… Depuis quinze ans, Rouen voit sa population croître. Entre 1999 et 2009, le nombre de cadres a également augmenté de 40 %. Ce sont des signaux positifs qui doivent nous encourager à renforcer encore notre attractivité.

Quels sont les secteurs d’avenir ?

La communauté d’agglomération a mis en place une politique ambitieuse en matière de soutien à l’innovation, avec le développement de pépinières d’entreprises, d’Innopolis dans les technologies de l’information et de la communication, de Biopolis dans la santé. L’ouverture de la zone d’activité de la plaine de la Ronce, dédiée aux activités tertiaires innovantes, va également dans le sens d’un rééquilibrage et d’une diversification de notre tissu d’entreprises.

Propos recueillis par Manuel Sanson

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy, Manuel Sanson