François Miquet-Marty, président de Viavoice, un cabinet d’études et de sondages, a sillonné la France pendant un an afin de rencontrer ceux qu’il sonde à longueur de temps. Et pour avoir avec eux de vrais entretiens, qui permettent d’éclairer d’un jour nouveau leurs réponses aux questions « fermées » des sondeurs. Il en est revenu avec la certitude que la crise économique n’est que le paravent d’une crise sociétale de grande ampleur. « La France est aujourd’hui en proie à une profonde dépression collective, analyse ce spécialiste de l’opinion. Une dépression et non un vague à l’âme ou une inquiétude, une mélancolie, un désenchantement. » À sa source, ce que Miquet-Marty nomme « une pathologie du lien social ».
Premier trait : le manque de confiance dans l’avenir du pays, bien plus élevé chez nous qu’en Allemagne ou aux États-Unis. Ensuite, la dérision : la moquerie est devenue un art national. Comment expliquer cet abattement de l’esprit collectif ? D’abord, par le sentiment que le modèle français vit ses dernières heures, menacé d’une banalisation qui rime avec mondialisation. 80 % des Français estiment ainsi que « le système social français sera certainement remis en cause à l’avenir ». Mais aussi par une immense impression de solitude, présente dans tous les univers sociaux. Cela est dû à l’érosion des groupes de référence, la famille, la classe ou le syndicat, mais également à la quasi-disparition du lien civique, fondement de la société française depuis 1789. Il est urgent de se redonner des valeurs communes pour sortir de cet état dépressif, plaide l’auteur. C’est en tout cas ce qu’attendent les Français qu’il a rencontrés. Car ce n’est pas à travers les mécanismes économiques, comme semblent encore trop souvent le penser nos hommes politiques, que se trouve la voie de sortie de cette crise. Trois valeurs lui paraissent à privilégier : l’éducation, le travail et l’ordre. Un chantier qui pourrait, à bien des égards, être exaltant.
Les Nouvelles Passions françaises, François Miquet-Marty. Éditions Michalon. 224 pages, 16 euros.
