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Des novices pour négocier la formation

Actu | Eux | publié le : 04.10.2013 | Stéphane Béchaux

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Des novices pour négocier la formation

Crédit photo Stéphane Béchaux

On ne prend pas les mêmes mais on recommence ! Pour la troisième fois en tout juste dix ans, les partenaires sociaux remettent sur la table le très délicat dossier de la formation professionnelle. Un chantier qui, lors de la conférence sociale de juillet 2012, n’était pourtant jugé prioritaire ni par le gouvernement ni par aucun des partenaires sociaux. Sauf qu’en l’espace d’un an tout a changé : inscrite dans la toute nouvelle loi de sécurisation de l’emploi, l’instauration du « compte personnel de formation » oblige syndicats et patronat à reprendre leur ouvrage. Avec un certain appétit. À l’image du Medef, qui en appelle à une « rupture très profonde » avec le système actuel, les syndicats se disent prêts à une refonte ambitieuse. À l’exception notable de Force ouvrière. « La formation professionnelle implique de la stabilité pour les entreprises comme pour les salariés. Le système actuel est certes perfectible, mais il produit des résultats », justifie Stéphane Lardy, le spécialiste de l’Avenue du Maine.

Rompu aux discussions interprofessionnelles, le secrétaire confédéral FO doit compter avec de nouvelles têtes. Hormis Jean-Pierre Therry, vieux loup CFTC des questions de formation, les principaux chefs de file sont tous - ou, plus exactement, toutes - des novices. À commencer par la leader de la délégation patronale, Florence Poivey, 59 ans, présidente du conseil de surveillance d’Union Plastic, une PME de Haute-Loire qui fabrique des pièces en plastique pour les industries médicales et vétérinaires. « Je suis en pleine découverte. Je vais m’appliquer à comprendre l’essentiel, mais sans jamais perdre le cap. La formation doit être un levier de compétitivité pour les entreprises et de développement pour les salariés, pas une affaire de spécialistes », insiste la présidente de la Fédération de la plasturgie, qui vient d’entrer au conseil exécutif du Medef.

Première interlocutrice de cette patronne autodidacte, Marie-Andrée Seguin, 59 ans. Rentrée à la commission exécutive de la CFDT voilà dix-huit mois, l’ex-numéro un de l’union régionale Champagne-Ardenne vient aussi du terrain. Ancienne responsable d’un atelier de fabrication d’articles de maroquinerie, la cédétiste en appelle à une « réforme de fond ». « Il faut faire tomber les prés carrés, de telle sorte que les dispositifs profitent d’abord aux moins qualifiés et aux demandeurs d’emploi », note la syndicaliste, qui mise sur le futur compte personnel de formation pour réduire les inégalités d’accès. Un objectif également recherché par la CGT qui, signataire des deux précédents accords, n’entend cette fois-ci pas rester en marge. « On va s’investir pleinement dans cette négo pour gagner des droits nouveaux », prévient Catherine Perret, la chef de file cégétiste, qui espère aboutir à un « bel accord qu’on soit en position de signer ». Originaire de la Nièvre, cette professeure d’histoire-géographie âgée de 49 ans, initialement spécialiste des questions de formation initiale, vient d’hériter du dossier, jusqu’alors détenu par un certain Thierry Lepaon. « Il sera très attentif à cette négo », précise la syndicaliste. Avec, sans doute, l’espoir de rabibocher son organisation avec le frère ennemi cédétiste.

Dernière novice, Dominique Jeuffrault, 51 ans. Toute fraîche déléguée nationale à la formation de la CFE-CGC, cette salariée de la Maif - elle travaille à la prévention des risques professionnels à la DRH - remplace au pied levé Véronique Ghielmetti, la secrétaire nationale théoriquement chargée du dossier, poussée vers la sortie quelques semaines après son élection. Une situation peu confortable pour cette mère de cinq enfants, résidant à Niort, qui a dû se mettre au parfum à toute vitesse. Son premier cheval de bataille ? La possible disparition de l’obligation légale de dépense. « Cette idée comporte des risques, notamment d’inciter les PME à moins investir dans la formation », juge la représentante des cadres. Une question au cœur des discussions, qui pourraient se prolonger au-delà de l’année 2013.

Marie-Andrée Seguin

Secrétaire nationale CFDT à la formation.

Florence Poivey

Présidente de la commission formation du Medef.

Catherine Perret

Membre de la commission exécutive de la CGT.

Auteur

  • Stéphane Béchaux