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Le journal des RH

L’histoire encourage l’innovation

Le journal des RH | Formation | publié le : 01.09.2013 | A.-C. G.

Quelle est la place de l’histoire des affaires dans les formations en gestion ?

La majorité des formations en France n’inclut pas cette discipline, ou à la marge. Comme à l’ESCP Europe, qui propose deux cours optionnels. Les trois universités de Toulouse vont ouvrir à la rentrée un séminaire de méthodologie à l’histoire. Traditionnellement, l’enseignement de la gestion reste découpé en disciplines : le marketing, la finance, les ressources humaines, la stratégie. Toutes ces matières sont très souvent abordées de façon ahistorique. Les étudiants sont incollables sur les modèles économiques mais on les ramène rarement à la réalité et au contexte dans lequel les décisions ont été prises, des outils de gestion créés.

Les étudiants sont ainsi peu formés à la critique sur le ­discours des entreprises. Par exemple, on parle aujourd’hui de la vente en ligne comme étant le fait historique du XXIe siècle. On a oublié que le Bon marché, au début du XXe siècle réalisait 50 % de son chiffre d’affaires grâce à la vente à distance. Le magasin faisait partir plus d’un million et demi de catalogues par an dans toute l’Europe.

Comment font les autres pays ?

Harvard Business School propose un enseignement à l’histoire des affaires depuis 1927 ! Surtout, avec la crise économique de 2008, l’école américaine a lancé une business history initiative. Elle finance des nouveaux programmes ; des séminaires ont été créés et l’école a procédé à un inventaire des pays où l’histoire des affaires est le plus intégrée aux formations en management. Les Scandinaves, les Japonais, les Néerlandais sont très bons sur ces sujets.

Pourquoi est-ce important de donner davantage de place à cette discipline ?

C’est important parce que l’histoire encourage l’innovation. On lui reproche d’être tournée vers le passé. Mais connaître des situations qui par le passé ont été innovantes permet d’imaginer, de construire des modèles économiques différents, des formes nouvelles de services.

Les entreprises sont sensibles à cette thématique ?

Elles sont plus sensibles aux histoires qu’à leur histoire et s’attardent peu sur leurs échecs. Les entreprises familiales, celles du luxe et de la mode qui aujourd’hui se développent dans les pays émergents convoquent souvent l’histoire de leur marque et de leurs inventions. Elles font de leur histoire un outil de marketing. Certaines, comme LVMH, ont des équipes d’historiens, d’archivistes qui travaillent sur le patrimoine de l’entreprise et de ses marques. Ces entreprises ne font pas pour autant dans le passéisme, elles se réinventent.

Ludovic Cailluet, chercheur au Centre de recherche en management de l’IAE de Toulouse, plaide pour enseigner l’histoire des affaires dans les formations en gestion.

Auteur

  • A.-C. G.