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Le chevalier Bayard des retraites

Actu | Eux | publié le : 01.09.2013 | Emmanuelle Souffi

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Le chevalier Bayard des retraites

Crédit photo Emmanuelle Souffi

Ma tête sur un piquet ! » Voilà comment pense finir le rapporteur du futur projet de loi sur les retraites présenté en conseil des ministres ce 18 septembre ! Michel Issindou sait que la partie va être serrée et que les syndicats, déjà dans la rue le 10 septembre (voir page 16), ne vont pas le lâcher. Son collègue de l’UMP, Denis Jacquat, qui a porté la réforme de 2010, l’a d’ailleurs prévenu : « Tu vas connaître les mêmes joies que moi ! » lui a-t-il lancé. À savoir tags de permanence parlementaire et autres joyeusetés.

Celui qui, dans l’opposition, a bataillé contre la fin de la retraite à 60 ans va devoir porter des mesures encore plus douloureuses. Le nom du député de l’Isère ne s’est pas imposé tout de suite. Avec les départs au gouvernement de Marisol Touraine et d’Alain Vidalies, la majorité s’est retrouvée dépourvue en experts « ès retraites » au sein de la commission des Affaires sociales. Cet ancien percepteur avait déjà porté la partie vieillesse du dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Surtout, il est habitué à jongler avec les budgets des collectivités locales, qu’il a découverts quand il était à la tête d’une trésorerie dans un petit village du Lot. Très tôt, il s’est positionné sur ces sujets explosifs, quand d’autres élus, redoutant d’y laisser leur mandat, ont piqué du nez. « Ça n’est pas une punition qui m’a été infligée, j’y vais avec une certaine fierté de sauvegarder notre système et la cons­cience de conduire une réforme indispensable. On accumule des déficits de 10 à 15 milliards par an ! On ne peut pas continuer à payer nos retraites à crédit ! » s’insurge ce fils de gendarme et d’ouvrière. Un comble pour l’enfant de Cahors qui a toujours vu ses parents épargner avant de consommer. Et qui a financé ses études en étant pion à 18 ans, ce qui lui a permis d’avoir tous ses trimestres de cotisation à 60 ans !

Le député de l’Isère a voté Mitterrand en 1974 – et Aubry aux primaires –, milité un temps à la CFDT, mais a attendu d’avoir 43 ans pour entrer en politique. Le hasard plus que la vocation… En 1997, après vingt ans de mandat, le maire de Gières, près de Grenoble, lui laisse sa place. L’adjoint aux finances y restera seize ans, jusqu’à son retrait à l’automne 2012 pour cause de cumul des mandats. « Un député qui a touché à la vie locale a vu la vraie vie, c’est irremplaçable », dit-il, comme une pique lancée aux apparatchiks. À la communauté d’agglomération de Grenoble, il rencontre Didier Migaud, aujourd’hui président de la Cour des comptes, qui devient un proche. Pierre Verri, un de ses fidèles, récupère son fauteuil. « Il a sauvé la gare de Gières, obtenu le prolongement de la ligne de tramway, égrène ce dernier. C’est quel­qu’un de chaleureux, qui fait ce qu’il dit. » Ses détracteurs sont prévenus.

Allongement de la durée de cotisation, prise en compte de la pénibilité, harmonisation des avantages familiaux entre public et privé… Ce sexagénaire ne compte pas conduire une réforme au rabais. « Il estimait que celle de 2010 n’était pas bonne. Et, aujourd’hui, il constate comme tout le monde qu’il faut aller beaucoup plus loin », tacle Denis Jacquat. Pour l’heure, les régimes spéciaux semblent épargnés, tout comme le calcul de la pension des fonctionnaires sur les six derniers mois. Dans tous les cas, ce fan de rugby ne fuira pas la mêlée…

Michel Issindou

Député (PS) de l’Isère.

1997

Élu maire de Gières.

2007

Élu député de l’Isère.

Septembre 2013

Rapporteur du projet de loi sur les retraites.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi