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Tableau de bord

ZOOM Les accords de branche ont protégé les salaires de la crise

Tableau de bord | publié le : 05.06.2013 | Pierre-David Labani

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Réduction des coûts par les salaires (en % des entreprises interrogées)

Crédit photo Pierre-David Labani

Selon une étude du Conseil d’analyse économique (CAE), la crise économique de 2008 a conduit à une dégradation de l’emploi en France, mais pas des salaires, à la différence d’autres pays européens. Dans le secteur privé, avec la progression du chômage, la hausse des salaires nominaux bruts a ralenti, passant de 3 %, en moyenne, de 2005 à 2008 à 1,5 % entre 2009 et 2010. Mais, dans la même période, l’inflation s’est également réduite, préservant le pouvoir d’achat des salaires réels nets. Ces derniers ont crû en moyenne de l’ordre de 0,8 % par an avant comme après la crise. Cette apparente stabilité de l’évolution des salaires réels nets masque toutefois plusieurs transformations. Tout d’abord, un quart de l’évolution des salaires postcrise tient à un effet de composition de l’emploi.

Les entreprises françaises ont, en période de crise, largement privilégié les réductions d’emplois plutôt que les diminutions de salaires, baisses d’effectifs qui ont davantage concerné les salariés faiblement qualifiés. Ensuite, la période de crise a entraîné une croissance moindre des très bas et des hauts salaires par rapport à la période précédente. Enfin, des facteurs institutionnels, comme le smic ou les accords salariaux de branche, ont freiné les possibilités d’ajustement à la baisse des salaires. La dynamique du smic souvent décriée par les entreprises n’apparaît pourtant pas comme le facteur d’évolution salariale le plus problématique pour elles. À court terme, une hausse de 1 % du smic accroîtrait le salaire mensuel de base (SMB) de 0,02 %. L’impact d’un relèvement de 1 % des minima de branche aurait un effet un peu plus élevé avec une progression de 0,1 % sur le SMB. Mais il reste deux fois moindre que celui de l’inflation.

Réduction des coûts par les salaires (en % des entreprises interrogées)
Le COE reste soft sur les aides aux entreprises

Faut-il conditionner les allégements de cotisations sociales octroyés aux entreprises ? Ce mécanisme qui permet aux entreprises d’obtenir un allégement dégressif sur les bas salaires coûte plus de 20 milliards d’euros aux finances publiques. Mais sa suppression entraînerait une perte d’environ 800 000 emplois en cinq ans, selon un rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE). Une raison qui explique peut-être la réticence du COE à s’engager sur la voie de la conditionnalité des aides aux entreprises. Sans l’exclure totalement, il privilégie la simple connaissance par les autorités publiques des avis rendus par les instances de représentation du personnel. Si une conditionnalité des aides était instaurée, le COE préfère des sanctions financières à une remise en cause de l’aide, sanctions qui devraient être déconnectées du niveau de l’emploi ou des salaires de l’entreprise.

Montant des cotisations patronales exonérées (en milliards d’euros)
Les voies étroites de la future réforme des retraites

Une nouvelle réforme des retraites sera nécessaire. Malgré la réforme de 2010, un déficit des régimes de retraite de 20,2 milliards d’euros est prévu en 2020. Parmi les trois leviers possibles (hausse des cotisations, allongement de la durée de cotisation ou baisse relative du niveau des retraites), certains sont plus difficiles à actionner ou exclus. La désindexation des petites retraites et des retraites du régime général a semble-t-il été écartée par le gouvernement. La hausse des prélèvements apparaît elle aussi difficile, le taux de prélèvements obligatoires atteignant des records, et risque de pénaliser une activité économique déjà atone. Reste la hausse de la durée de cotisation, mais une telle hypothèse ne peut être efficace qu’avec une amélioration nette du marché du travail, des conditions de travail et des évolutions de carrière pour maintenir les salariés dans l’emploi.

Déficit prévu des régimes de retraite (en milliards d’euros)

Auteur

  • Pierre-David Labani