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Tableau de bord

Débloquer la participation, une fausse bonne idée ?

Tableau de bord | publié le : 05.06.2013 | Pierre-David Labani

Lionel Tourtier Délégué général de Générations Eric (épargne, retraite, investissement, croissance)

Le premier déblocage de la participation remonte aux « Jupettes » en 1994, mesure reprise en 2004 puis 2005 par le ministre des Finances Nicolas Sarkozy, jusqu’à la suppression du blocage par la loi du 3 décembre 2008. Or l’Insee n’a cessé de montrer un impact limité sur la consommation, l’épargne débloquée étant majoritairement replacée dans des formules plus liquides. En outre, la participation ne profite pas à tous les salariés, en particulier les moins payés ou employés dans des secteurs peu rentables. Une partie des élites politiques, de droite ou de gauche, reste ancrée dans une conception keynésienne de l’économie, considérant un taux d’épargne élevé comme un frein à la consommation, donc à la croissance ! Or la priorité est au contraire d’orienter l’épargne vers des durées plus longues pour financer la relance d’investissements de compétitivité : donc, passer d’un modèle de consommation à un modèle d’offre. Dans un contexte de deleveraging, il faut encourager un taux d’épargne long pour assurer aux agents économiques les financements nécessaires à leur développement. Il n’est que temps que la France passe à une économie de fonds propres.

Henri Sterdyniak Directeur du département mondialisation de l’économie à l’OFCE

La zone euro souffre d’une grave insuffisance de demande. Alors que la crise financière a montré les limites d’un modèle libéral fondé sur la stagnation salariale, le creusement des inégalités de revenus, la recherche effrénée de compétitivité et l’hypertrophie financière, les pays européens s’engagent dans des politiques restrictives qui les plongent dans la dépression. Dans ce contexte, le pouvoir d’achat des ménages français a baissé de 0,9 % en 2012, leur consommation de 0,4 %, contribuant à la stagnation de l’activité. Selon les expériences passées, le déblocage de la participation ne devrait dégager que 6 milliards d’euros (sur un stock de 90 milliards), dont 2 milliards seraient consommés, induisant une hausse de 0,1 % du PIB. C’est loin de la salutaire rupture franche avec les politiques d’austérité. Faire baisser le taux de chômage, garantir le système de retraite par répartition, engager une politique industrielle active préparant la transition écologique seraient nécessaires pour rassurer les Français sur l’avenir et les inciter à consommer. Par ailleurs, la BPI doit monter en puissance pour fournir aux entreprises des capitaux et les inciter à prendre des risques industriels.

Philippe Crevel Économiste, secrétaire général du Cercle des épargnants

Le gouvernement est bien démuni pour contrecarrer la récession. Il ne peut plus augmenter les dépenses publiques, ni baisser, de manière tangible, le niveau des impôts en raison de son obligation à réduire le déficit public. Il lui reste à demander aux salariés de puiser dans le bas de laine de l’épargne salariale. Cette mesure sera-t-elle plus efficace aujourd’hui qu’hier ? Rien ne permet de le penser car les bénéficiaires sont, en règle générale, ceux qui sont le moins touchés par la crise. Le déblocage générera, avant tout, un effet d’aubaine en permettant la concrétisation d’achats qui étaient de toute façon prévus. Par ailleurs, les Français transféreront une partie de leur épargne salariale sur des produits d’épargne plus souples, les justificatifs de dépenses exigés étant facilement contournables. Enfin, il n’est pas certain que ce dispositif aille dans le sens de l’histoire. La priorité mentionnée par le président lors de sa dernière conférence de presse n’est-elle pas de mieux orienter l’épargne des ménages vers les entreprises ? En demandant à l’épargne salariale tout à la fois de soutenir la consommation et de financer l’économie, il prend le risque qu’elle n’atteigne aucun de ces deux objectifs.

Pour en savoir plus

Déblocage exceptionnel de la participation et de l’intéressement

www.assemblee-nationale.fr/14/dossiers/ deblocage_exceptionnel_participation_interessement.asp.

Déblocage de la participation : non merci !

www.ci-es.org/site/wp-content/uploads/2012/12/CP-déblocage-participation-avril-2013.pdf.

Épargne salariale débloquée

http://philippecrevel.fr/ category/epargnepatrimoine.

Déblocage anticipé sur les réserves de participation (plan de relance du 4 mai 2004).

www.ofce.sciences-po.fr/pdf/dtravail/ WP2004-04.pdf.

Auteur

  • Pierre-David Labani