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Politique sociale

L’histoire sans fin des Conti et des Fralib

Politique sociale | publié le : 05.06.2013 | Anne-Cécile Geoffroy, Emmanuelle Souffi

À Clairoix, les plaies des Conti ont du mal à cicatriser. Chez Fralib, on se bat toujours pour faire revivre le site.

Des Conti sans usine à la recherche d’une reconversion

Sur la banquette arrière de sa voiture, les dossiers s’entassent. Chacun porte le nom d’un ancien Conti. « Dans le coffre, il y en a autant, explique Antonio da Costa, délégué syndical CFTC de Continental à Clairoix. Engagé dans le conflit social depuis l’annonce de la fermeture de l’usine de pneus en mars 2009, le syndicaliste suit encore 170 ex-Conti dans leurs démarches judiciaires. Faisant le lien avec Alexandra Soumeire, l’avocate qui les défend aux prud’hommes. Avec Pierre Sommé, secrétaire FO du comité d’entreprise, et Jean-Claude Lemaître de la CGT, ils sont les trois derniers élus à continuer d’assister aux réunions de CE et de commission de suivi qui se tiennent dans l’usine de Clairoix, désormais fermée. « Je ne peux pas arrêter maintenant sinon je perdrais le fil du PSE et j’aurais l’impression de trahir les salariés. J’essaie de recréer un peu de collectif en les réunissant de temps à autre », confie Antonio da Costa. Il les reçoit dans son petit bureau encombré de la maison des syndicats de Compiègne. « Je ne vais plus au local syndical face à l’usine. Il faut s’éloigner du lieu du crime pour sortir de cette histoire. »

Une affaire douloureuse qui dure, rythmée par les audiences devant les tribunaux qui laissent espérer aux Conti une réparation. Une histoire qui témoigne aussi de la difficile reconversion des ouvriers dont l’usine a fermé. Plus de trois ans après le début des premiers congés de mobilité, le bilan est loin d’être à la hauteur des sommes engagées par l’entreprise : un congé de mobilité de vingt-quatre mois, une prime extralégale de 50 000 euros par salarié, un budget formation de 5,7 millions d’euros pour financer les reconversions… « Au total, Continental a consacré au reclassement 200 000 euros par salarié, sans compter les frais d’avocats et de consultants », précise Déborah David, avocate chez Jeantet et Associés, conseil de Continental. À cela s’ajoutent les 6 millions d’euros débloqués dans le cadre de la convention de revitalisation. Sur le terrain, cette débauche de moyens n’a pas fait de miracle, même si la communication de Continental répète que « 91 % des 1 113 salariés concernés par le PSE ont bénéficié d’une solution identifiée à la mi-février 2013 ». Une version qui mélange allègrement CDI, CDD de plus de six mois, créations d’entreprise, salariés en formation, retraités, invalides… Mi-avril, 266 anciens salariés avaient retrouvé un CDI ; 229 disposaient d’un CDD de plus de six mois, 99 avaient choisi de créer leur entreprise. « 70 % ont déjà mis la clé sous la porte. Ceux-là, on les retrouve désormais à Pôle emploi. En avril, ils étaient 494 à pointer au chômage, précise Antonio da Costa. On a aussi comptabilisé 256 divorces depuis la fermeture. Et de très nombreuses dépressions. »

Précarité et éloignement. Altedia, chargé de la cellule reclassement, ne nie pas le bilan décevant mais défend son action. « Nous avons proposé à chaque salarié un accompagnement individualisé avec des entretiens en tête à tête tous les quinze jours, des ateliers collectifs pour rédiger des CV, une action de collecte d’offres d’emploi auprès des entreprises », rappelle le cabinet de reclassement. « J’ai lâché très vite les ateliers, explique Jean-François Ribecq, entré chez Continental en 1972. J’étais très démotivé. Tout ce qu’ils proposaient, c’était des postes à plus de 50 kilomètres. J’avais le sentiment d’être pris dans un tsunami psychologique. » Quatre ans après la fin du conflit, les langues commencent aussi à se délier sur le discours porté par le comité de lutte après le mouvement social. Certains racontent aujourd’hui comment Lutte ouvrière et d’autres déconseillaient aux salariés de se rendre à l’antenne de reclassement. Dans les décomptes d’Altedia de février dernier, 202 salariés avaient perdu leur accès aux deux « offres valables d’emploi » faute d’avoir utilisé les services du cabinet.

Mais c’est aussi à la réalité du marché du travail que bien des Conti se sont heurtés. Après vingt-trois ans chez Continental, Hubert a connu quatre emplois différents en quatre ans. « Mon premier job était un CDI. Mais le patron ne payait pas ses cotisations sociales. J’ai démissionné. Après j’ai enchaîné des contrats d’intérim. Quand j’étais chez Conti, je ne me rendais pas compte que dehors c’était si difficile. » Aujourd’hui, il espère décrocher un poste près de Toulouse. Personne n’est actuellement capable de dire combien de Conti ont quitté l’Oise, vendu leur pavillon et laissé derrière eux famille et amis. Une dizaine d’ouvriers et une centaine de cadres auraient été reclassés à Sarreguemines, l’usine lorraine de Continental. Les autres ont disparu des tableaux Excel d’Altedia. Comme Guylaine et son mari. Il y a un an, ils ont fait le choix de « se délocaliser » pour tourner la page. « Tout le monde nous disait que c’était la seule façon de retrouver du travail. Pas pour nous », constate, amère, Guylaine. Ils ont mis le cap sur l’Auvergne, « parce que c’est une région industrielle et parce qu’il y a Michelin. » Mais, depuis, son mari n’a pas décroché le CDI espéré. « Ils font passer des tests psychotechniques, mais mon mari ne rentre plus dans le moule de la société d’aujourd’hui. » À 53 ans, il enchaîne des contrats d’intérim, travaille en ce moment à plus de 50 kilomètres de chez lui et retrouve sa famille le week-end. « On n’a plus de vie de famille et on vit dans la précarité avec au mieux 1 400 euros par mois. Il faut arrêter de dire que les Conti sont riches ! »

Jeanne Tiberghien, consultante chez Altedia, explique les refus des Conti aux postes proposés « par la localisation géographique du poste et surtout les salaires proposés ». « En restant chez eux, en congé de mobilité, les Conti touchaient 1 800 euros par mois pendant vingt-quatre mois. Après ils enchaînaient à Pôle emploi. Alors quand Altedia leur proposait un poste à 1 300 euros par mois… Faut comprendre, les épouses ne laissaient pas leur mari retourner au travail », raconte un ancien agent de maîtrise reconverti dans le BTP. Fred, blouson noir et carrure de rugbyman, a créé son entreprise de maçonnerie il y a quatre mois. « Ça ne paie pas aussi bien. Je gagnais plus de 2 000 euros par mois, sans compter le treizième mois, la prime de vacances, l’intéressement. Mais je peux m’organiser comme je veux maintenant. C’est moi le patron », rigole cet ancien conducteur de ligne, qui l’avoue : « Ce qui me manque, c’est l’ambiance, les copains, les engueulades. Maintenant, je suis tout seul dans ma camionnette. »

L’éléphant qui refuse de se laisser abattre

C’est une usine officiellement morte. Mais qui, en réalité, vit encore. Robert s’occupe des plannings du personnel, Christian et les autres font tourner les machines tous les deux jours. D’habitude, c’est le patron qui dirige la visite des ateliers. Chez Fralib, c’est désormais Olivier Leberquier, le délégué CGT, qui s’y colle. Hier relégués sur le parking dans un Algeco, les syndicalistes ont élu domicile aux étages des chefs, « pour avoir accès à Internet ». Les Fralib ont bouté Unilever hors de Gémenos (Bouches-du-Rhône) après que le groupe a stoppé la production de thés aromatisés et infusions, en septembre 2010. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, les 72 salariés surveillent leur usine comme jadis ils veillaient sur les 2,5 milliards de sachets qu’ils fabriquaient par an. Ils redoutent qu’Unilever reprenne les machines cédées à l’intersyndicale pour un euro, afin de les installer en Pologne, où une partie de la production française a été délocalisée.

L’histoire des Fralib, c’est celle d’un bras de fer dont l’issue est encore incertaine. D’un côté, des ouvriers aguerris au combat social, échaudés par les fermetures du Havre et de Marseille quelques années plus tôt. Leur projet de reprise en coopérative les fait tenir depuis neuf cents jours. Leur rêve ? Produire du Thé Éléphant made in Provence. De l’autre, une direction prise de court par les volte-face de la justice et qui estime avoir fait suffisamment de concessions. Bref, l’impasse. « Unilever a mal mesuré la détermination des salariés et leur volonté de développer une solution alternative à la fermeture », analyse Eugène Caselli, président (PS) de la communauté urbaine de Marseille Provence Métropole.

Comme les Molex ou les Conti, les Fralib ont vu défiler François Hollande, Arnaud Montebourg… Mais, depuis, silence radio, alors qu’élus et syndicats plaident pour une médiation au plus haut niveau. Fralib, c’est un peu chronique d’une mort annoncée. Dès 2006, les Marseillais perdent des productions stratégiques au profit de la Belgique et de la Pologne. Puis leurs équipes commerciales et de R & D. « Gémenos devient un atelier de production. Dès lors, seul compte le coût du travail. Sans ces transferts, l’usine serait encore vivante », affirme un ancien cadre.

Guérilla juridique. Dans leur lutte, le Code du travail devient le meilleur allié des Fralib. En deux ans, ils obtiennent six décisions de justice dont cinq favorables. « Le dialogue social s’est fait devant les tribunaux », résume, amer, un porte-parole du géant de l’agroalimentaire. Dernier baroud, l’annulation du plan social le 28 février 2013 par la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Pour la troisième fois. Il avait déjà été retoqué par le TGI de Marseille en février 2011 pour mesures de reclassement insuffisantes. La direction revoit alors sa copie. Qui est à nouveau attaquée par l’intersyndicale en juin et juillet 2011. Ce coup-ci, le TGI de Marseille valide la procédure en mettant en avant les 12,5 millions d’euros prévus pour l’accompagnement, soit 68 845 euros par personne. Les syndicats font appel, mais comme il n’est pas suspensif, les salariés sont licenciés en août.

Le début du pataquès… Car la direction propose aux salariés de signer des transactions à condition de ne plus ester en justice. Une trentaine accepte et part avec 60 000 euros. Mais, en novembre 2011, la cour d’appel d’Aix-en-Provence annule à nouveau tout. Dans sa ligne de mire, les 64 postes offerts aux 102 ouvriers, dont 34 à Bruxelles et en Pologne… « On me proposait 420 euros par mois après vingt-trois ans d’ancienneté ! Même pas de quoi rentrer en France voir la famille ! » s’étrangle encore Christian, aromatiseur. Rebelote, troisième plan social, nouvelles transactions à 90 000 euros car les anciennes ne sont du coup plus valables : 77 salariés capitulent. Avril 2012, nouvelle validation en première instance. Mais, dix mois plus tard, la cour d’appel fait tout tomber. Motif ? « Les départs transactionnels constituent un détournement des procédures légales. » Résultat, les salariés partis devraient théoriquement rembourser les sommes perçues. Et comme les licenciements sont nuls, la centaine qui reste peut demander sa réintégration. Sauf qu’il n’y a plus d’usine…

Pour sortir de l’impasse, Unilever suggère au personnel d’attaquer l’entreprise aux prud’hommes pour obtenir une indemnisation faute de pouvoir retravailler. « On marche sur la tête ! » s’écrie Amine Ghenim. Dans son bureau au pied des tours de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), l’avocat du CE symbolise cette lutte du pot de terre contre le pot de fer. « Ni rouge ni Zorro », comme il le dit, celui qui a déjà défendu les LU prépare ses prochains coups. Notamment obtenir le paiement rétroactif des salaires puisque les licenciements ont été annulés… « Unilever doit respecter la loi et refaire une nouvelle procédure », martèle-t-il.

Projet de Scop. Sauf que les Hollandais ne l’envisagent pas pour le moment. La preuve, la direction a proposé aux Fralib de continuer à bénéficier du congé de reclassement proposé jusqu’à sa fin théorique. Aucun n’a accepté. Fin avril, tous ont donc reçu leur attestation Assedic et solde de tout compte. « Ça ne tient pas la route puisqu’on n’a pas été licenciés ! » note Robert, ex-opérateur. En attendant, l’Éléphant fait le dos rond. Selon la direction, sur 182 salariés initialement, 70 % auraient trouvé une solution durable, dont 35 en CDI, 17 en CDD ou en intérim de plus de six mois… et 28 départs à la retraite et invalidité – sic ! Un chiffre incohérent puisque 87 personnes, soit 52 %, s’investissent dans la future Scop…

Et n’allez pas leur dire que leurs revendications (cession de la marque, contrat de sous-traitance, prise en charge des loyers et des salaires pendant dix ans) sont démesurées ! « 14 centimes, c’est le prix du travail pour une boîte de thé vendue jusqu’à 2,80 euros ! s’insurge Olivier Leberquier. Quand on voit la profitabilité du groupe, on devrait réclamer dix fois plus ! » Le syndicaliste sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur. « Avec ce projet, on a une chance de connaître autre chose que Pôle emploi », souffle Robert.

Quinze ans après la fermeture de l’usine du Havre, une bonne partie des 149 salariés ont fini seuls, sans travail. Sous les portraits du Che tagués sur les murs de Gémenos, ils veulent croire que « l’Éléphant vivra ». Après tout, n’est-il pas le symbole de la puissance ?

Antonio da Costa, délégué syndical CFTC

Il sera peut-être le dernier des Conti. Pour continuer à défendre les salariés, le délégué syndical CFTC a demandé sa réintégration dans l’entreprise, comme le lui permet le jugement du tribunal administratif d’Amiens. Avant lui, seul Xavier Mathieu avait fait la demande. « Je ne voulais pas par rapport aux copains qui n’ont plus de boulot. Mais les salariés qui me suivent me l’ont demandé. Je ne sais pas trop où tout ça va me mener. Je n’arrive pas à imaginer la vie après Continental. »

Jean-François Ribecq, ancien cariste

« Quand un ouvrier perd son travail, c’est 90 % de sa dignité qui se barre. » Jean-François Ribecq a très mal accusé le coup de la fermeture de son usine. Après un divorce et une grosse dépression, il commence tout juste à remonter la pente et prépare un certificat professionnel. « Je veux du travail. Je ne suis pas un fainéant. » Ce qui lui fait peur aujourd’hui, c’est de ne pas pouvoir retrouver le rythme des trois-huit.

Saga judiciaire

21 avril 2009 : Le TGI de Sarreguemines déboute les Conti qui contestaient le motif économique de la fermeture de l’usine de Clairoix (annoncée le 11 mars 2009).

De septembre 2010 à février 2011 : 580 salariés contestent leur licenciement devant le conseil de prud’hommes (CPH) de Compiègne. D’autres saisissent le CPH de Soissons, qui se déclare incompétent.

Octobre 2011 : Audience des salariés par le CPH de Compiègne.

Avril 2012 : Audience des salariés de Soissons par le CPH de Compiègne.

Juin 2012 : renvoi en départage par le CPH de Compiègne.

13 février 2013 : Le tribunal administratif d’Amiens annule les autorisations de licenciement de 22 salariés protégés.

26, 27 et 28 février 2013 : Audience de départage. Le jugement est attendu au plus tôt fin août 2013.

Avril 2013 : Continental fait appel de la décision du tribunal administratif.

Saga judiciaire

4 février 2011 : Le TGI de Marseille annule le PSE pour défaut d’information.

22 juin 2011 : Saisi en référé, le TGI renvoie l’affaire au fond.

21 juillet 2011 : Le TGI valide le deuxième PSE.

17 novembre 2011 : La cour d’appel d’Aix-en-Provence annule le PSE. Unilever se pourvoit en cassation.

20 avril 2012 : Le TGI valide le troisième plan social.

28 février 2013 : La cour d’appel d’Aix annule le troisième plan social. Unilever se pourvoit en cassation.

Fin avril 2013 : Rupture des contrats de travail, des congés de reclassement et de la convention de revitalisation. La direction demande aux salariés d’aller devant les prud’hommes.

Christian Sanchez, ex-opérateur aux aromates

Comme ses compagnons, il est persuadé que l’Éléphant revivra. « On n’a pas fait que rêver au soleil depuis la fermeture ! On a pris des contacts, créé des partenariats… », égrène cet ouvrier. Pour se reconvertir, il a bien tenté une formation en informatique, mais « pas suffisante ». Unilever lui a proposé un poste en Pologne payé 5 600 euros brut par an. Il en rit encore. « Avec mon CAP de boulanger qui date d’il y a trente ans, je fais quoi ? »

Olivier Leberquier, délégué syndical CGT

Ce Normand a comme l’impression de revivre un mauvais film. Sauf que là, il espère écrire une autre fin. Transféré à Marseille après la fermeture en 1997 de l’usine du Havre, le cégétiste milite pour une reprise du site en Scop. Issu d’une famille de dockers, il ne veut rien lâcher : « Dans la région, la moitié des dépenses de consommation provient des revenus sociaux. »

Anne Bory
Sociologue du travail et des organisations
“Le sentiment de perte d’utilité sociale est prégnant”

Qu’est-ce qui freine la reconversion des ouvriers ?

Ces ouvriers sont entrés dans l’emploi souvent très jeunes, vers 16 ans. Chez Molex, l’ancienneté moyenne des salariés était de plus de vingt-cinq ans et la moyenne d’âge de 46 ans. Les savoir-faire qu’ils ont acquis ne sont pas validés, ce qui rend difficile leur reconversion. Surtout, l’emploi industriel se rétracte depuis des années. Certaines régions sont complètement sinistrées. Quand ils trouvent un travail dans l’industrie, c’est souvent de l’intérim ou des CDD au smic, très en deçà de ce qu’ils gagnaient.

On leur reproche souvent de ne pas être assez mobiles…

Ce discours est très idéologique. Quand on commence à travailler jeune, que ses amis et sa famille se trouvent là, qu’on achète un pavillon, déménager est impensable. En outre, les déplacements pour travailler ne serait-ce qu’à 40 kilomètres de son domicile peuvent être très coûteux.

Où les ouvriers se reclassent-ils ?

Leur reclassement est plus souvent synonyme de déclassement. Plus de la moitié des salariés de Molex n’a pas retrouvé d’emploi à ce jour, et la quasi-totalité des autres connaît des conditions d’emploi dégradées, notamment les femmes. Elles travaillent à temps partiel, pour plusieurs employeurs, avec des horaires irréguliers. Elles sont renvoyées à leur statut de femme, « naturellement » capable de faire le ménage, de s’occuper d’enfants. Certains ouvriers travaillent seuls alors qu’ils étaient habitués à des modes de reconnaissance collectifs. Surtout, ils avaient le sentiment de travailler dans une usine performante et cela grâce à leurs compétences. Le sentiment de perte d’utilité sociale est prégnant. On ne peut pas analyser les reconversions sans prendre en compte ce que signifiait l’emploi « d’avant ». Les cellules de reclassement visent des « solutions » d’emploi et sont dans une appréciation quantitative, pas qualitative, voire dans l’affichage d’un résultat qui reste en fait souvent très partiel.

Propos recueillis par A.-C. G.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy, Emmanuelle Souffi