La France disposera-t-elle bientôt de « gestionnaires de cas » en matière de maintien dans l’emploi après un accident du travail (AT) ou une maladie professionnelle ? C’est en tout cas l’ambition des partenaires sociaux de la branche AT-MP. À privilégier un processus rapide de consolidation de l’état de santé du salarié pour vite déclencher une indemnisation, « on a assez peu investi sur la réadaptation » au travail, note le directeur des risques professionnels de la Cnamts, Dominique Martin. Or 10 % des AT représentent 60 à 70 % des coûts supportés par la branche, d’où l’idée de développer une gestion « spécifique, individualisée des AT les plus graves ».

Il ressort d’un tour d’horizon des pratiques européennes que « les politiques de case management sont tout à fait performantes », observe Dominique Martin qui table sur un « programme de ce type » d’ici à la fin de l’année pour l’expérimenter « dès l’année prochaine » en vue d’une généralisation à tout le territoire à la fin de la prochaine convention d’objectifs et de gestion de la branche, en 2017. Le case management a pour principale vertu de « mettre l’humain au cœur » de la gestion, vante Philippe Calatayud, responsable de la plus grande assurance accidents obligatoire de Suisse.

Quand on sait qu’en France le nombre d’avis d’inaptitude a plus que doublé en dix ans, passant de 60 000 à 150 000 par an, l’enjeu réside dans « la continuité du contrat de travail », de sorte « que la personne puisse rester actrice de sa communauté de travail », plaide François Atger, de l’Agefiph. Reste à lever quelques obstacles, comme celui de l’interdiction pour l’employeur et le médecin du travail d’entrer en contact avec le salarié pendant son arrêt maladie.