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Agefos PME subit une crise de croissance aiguë

Actu | VEILLE | publié le : 04.05.2013 | Stéphane Béchaux

Le premier Opca de France peine à gérer l’afflux de nouveaux clients. L’organisme doit gagner en productivité dans un climat social tendu.

Avec pas très loin de 1 milliard d’euros de collecte et plus de 400 000 entrepri ses clientes, Agefos PME n’a rien, à première vue, d’un organisme en crise. Et pourtant, les relations sociales et les conditions de travail au sein du premier gestionnaire privé hexagonal des fonds de la formation professionnelle sont aujourd’hui ten dues. « Au cours des dix-huit derniers mois, on a dû gérer l’arrivée de plus de 100 000 nouvelles entreprises, essentiellement des TPE. Ce surcroît d’activité met notre réseau en tension », reconnaît Joël Ruiz, directeur général d’Agefos PME. Cette surcharge de travail intervient dans un contexte financier très compliqué. L’Opca doit, d’une part, faire face à une baisse importante des contributions volontaires des entreprises clientes qui, malmenées par la crise, réduisent leurs budgets de formation. Et, de l’autre, réduire ses frais de fonctionnement et de gestion, comme il s’y est engagé en novembre 2011 dans sa convention d’objectifs et de moyens négociée et signée avec la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). Résultat, Agefos PME est contraint de faire beaucoup plus avec un peu moins…

Un défi particulièrement redoutable pour les 1 300 salariés de l’organisme, tenus de composer avec les dysfonctionnements chroniques de leur outil informatique. Voilà plus de dix ans, la maison s’est en effet lancée dans la refonte de son système d’information, dont elle n’est toujours pas sortie. Mis en service en 2010 dans quatre régions tests – l’Auvergne, les Pays de la Loire, le Languedoc-Roussillon et l’Ile-de-France –, le nouveau progiciel a généré d’innombrables bugs qui ont obligé les dirigeants à repousser son déploiement national au moins jusqu’au second semestre 2013. Et valu à l’or ganisme de voir, depuis, ses comptes validés avec réserve. « Changer le système d’information d’une maison très dé centralisée, riche de 84 implantations ter ritoriales et qui gère les fonds d’une cinquantaine de branches s’avère très compliqué. On a connu des difficultés dans la mise en place mais on arrive à la fin des problèmes », justifie Jean-Philippe Leroy, président CFE-CGC de l’organisme. Pour gagner en productivité, Agefos PME prévoit néanmoins de nouveaux investissements informatiques. Objectif : dématérialiser la collecte des fonds pour les entreprises de moins de 10 salariés, tels les salons de coiffure qui ont rejoint l’Opca en 2012. Un projet non budgété dans la convention d’objectifs et de moyens triennale – on parle de 1,7 million d’euros – qui oblige l’Opca à négocier une rallonge financière avec la DGEFP.

Des arguments qui ne convainquent pas le secrétaire du CE, Éric Auteroche. Le 4 mars, celui-ci s’est fendu d’une « lettre d’alerte » à destination des administrateurs dans laquelle il critique vertement, entre autres, les choix informatiques de la direction. « La facture pèse très lourd, que ce soit financièrement ou sur notre fonctionnement », écrit le cédétiste, en affirmant qu’un éventuel déploiement « aboutirait très clairement à notre cessation d’activité pure et simple ». Des propos et une démarche très contestés en interne qui témoignent de la dégradation des relations sociales, à quelques mois des élections professionnelles. Un chantier auquel devra s’atteler en priorité le DRH que la maison recrute actuellement, après avoir remercié en mars la première titulaire du poste quelques semaines après sa nomination.

Auteur

  • Stéphane Béchaux