Je suis un homme libre ! » Pas question pour Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC-Unsa de France Télécom, de se sentir pieds et poings liés par une promotion, si belle soit-elle. Il vient en effet d’être nommé directeur général de la filiale Orange Horizons (25 salariés), pour prospecter de nouveaux marchés à l’étranger. Une décision qui agace certains dans les syndicats, y compris le sien, qui y voient « un mélange des genres ». Car ce syndicaliste était il n’y a pas si longtemps encore la bête noire de la direction. Pendant la crise sociale de l’opérateur, la CFE-CGC-Unsa a créé avec SUD l’Observatoire du stress et des mobilités forcées.

« Au fil des mois, ce syndicat s’est construit une réputation de bouledogue en interne. Il est devenu très procédurier sous l’influence de Sébastien Crozier », explique un bon connaisseur de la maison. Son parcours est de fait atypique. Patron de plusieurs start-up dans le Minitel puis l’Internet, il se syndique dès son entrée sur le marché du travail, en 1990. « C’est pour moi un acte citoyen. Et je considère qu’un patron a aussi droit à une expression syndicale. » Au début des années 2000, absorbé par France Télécom qui rachète le fournisseur d’accès à Internet qu’il avait créé, il se fait nommer délégué syndical CFE-CGC de la branche entreprise. « Je sentais la casse sociale arriver. À l’époque, mon employeur a tenté de me licencier cinq fois ! » Au fil des mois, ce proche de Jean-Marie Bockel, sénateur UDI-UC du Haut-Rhin, reconstruit une CGC vieillissante et la transforme en une véritable petite entreprise de 150 permanents avec un comité directeur.

SÉBASTIEN CROZIER

Directeur de la filiale Orange Horizons.