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Casse-tête pour l’épargne retraite des fonctionnaires

Actu | Veille | publié le : 02.03.2013 | Stéphane Béchaux

Préfon, Corem, CRH… Les régimes de retraite additionnelle du secteur public affichent des rendements guère attractifs pour les fonctionnaires.

Gel ou désindexation des pensions, hausse des cotisations… L’épineuse négociation sur le financement des régimes de retraite complémentaire Agirc et Arrco annonce des lendemains difficiles dans le secteur privé. Pour les agents du public, l’heure n’est pas davantage à la fête. Depuis la réforme Fillon de 2003, les fonctionnaires contribuent certes à un régime additionnel – le Rafp –, sur la base de leurs rémunérations accessoires, qui leur permet d’acquérir une retraite supplémentaire. Mais ce complément ne saurait intégralement compenser les efforts consentis voilà tout juste dix ans.

Inquiets pour leurs vieux jours, des dizaines de milliers de fonctionnaires jouent donc chaque année les écureuils en cotisant à des régimes optionnels. Premier d’entre eux, la Préfon, créée en 1967 par les syndicats, CGT exceptée. Un fonds de pension qui, l’an dernier, a collecté plus de 430 millions d’euros auprès de quelque 280 000 cotisants. « On a enregistré 8 500 nouveaux souscripteurs, dont 39 % de catégorie C. Ce qui tord le cou à l’idée selon laquelle nous n’intéresserions que les hauts revenus », note Pascal Renaud, président cédétiste de l’institution. Argument massue pour séduire les agents : la sécurité des placements. « La Préfon n’a jamais fait de promesses de rendements mirobolants. Mais, en échange, nous sommes les seuls à garantir que la valeur des points acquis ne pourra jamais baisser », insiste Christian Carrega, le directeur général. Exact si l’on s’en tient à la valeur nominale du point. Mais faux si l’on tient compte de l’inflation. « Depuis 2002, la perte de pouvoir d’achat du point Préfon atteint 11,4 %, ce que l’organisme se garde bien de dire dans ses pubs ou sur son site Internet », dénonce Guillaume Prache, président de l’Arcaf, une association de défense des épargnants. Ce décrochage devrait encore s’accentuer. Car les assureurs gestionnaires du régime font face à la fois à des conditions de marché difficiles – les obligations offrent de faibles rendements – et à des contraintes réglementaires qui les obligent à constituer de grosses provisions pour assurer la couverture à 100 % des engagements.

Les faibles performances de Préfon pourraient inciter les fonctionnaires à aller voir ailleurs. Sauf que les autres régimes ne sont guère plus vaillants. Créé voilà dix ans sur les ruines du Cref, le régime mutualiste par points Corem reste largement sous-provisionné. Fin 2011, il manquait 734 millions d’euros dans les caisses, en appliquant les nouvelles tables de mortalité, pour couvrir l’intégralité des engagements. Conséquence, les plus-values dégagées par les placements – de l’ordre de 4,5 % en 2012, contre 0,5 % en 2011 – ne permettent qu’à la marge d’augmenter la valeur du point. D’après l’Arcaf, les retraités ont ainsi vu le pouvoir d’achat de leur rente Corem fondre de 15 % en dix ans. « Les rendements financiers contribuent d’abord à reconstituer les réserves et à servir le taux technique que nous offrons aux affiliés, qui avoisine les 2,5 % », répond-on à l’Union mutualiste retraite, qui gère le régime.

S’ajoute à ces deux régimes la Complémentaire retraite des hospitaliers (CRH), engagée depuis 2008 dans… un vaste plan de consolidation financière ! Finalement, le paysage de la retraite complémentaire des fonctionnaires s’avère plutôt accidenté, ce que les régimes ne clament pas sur les toits. Avant d’investir, les agents ont tout intérêt à prendre leur calculette.

Auteur

  • Stéphane Béchaux