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Idées

Syndicats et emplois : les mythes allemands

Idées | Livres | publié le : 02.02.2013 | Jean Mercier

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Syndicats et emplois : les mythes allemands

Crédit photo Jean Mercier

La thèse du livre pourrait se résumer ainsi : la force de l’Allemagne ne vient pas de ce qu’elle a su réformer son modèle, mais de ce qu’elle a su en sauvegarder les points forts. La décentralisation fonctionne d’autant plus harmonieusement que l’unification s’y est réalisée tardivement. De même, longtemps dépourvus de colonies, les Allemands ont pratiqué beaucoup plus vite que nous une culture d’exportation. Troisième pilier du modèle allemand, ses relations sociales ne se sont pas bâties en rupture avec son passé corporatiste, mais dans la continuité.

De ce fait, les branches sont l’échelon décisif de la régulation sociale, avec la force et l’efficacité que l’on sait.

« Ces négociations de branche ont joué un rôle clé dans la stratégie menée de longue date et de façon très consensuelle en Allemagne pour défendre la compétitivité/coût de l’industrie », souligne Guillaume Duval. Un système qui a son revers, car il facilite le développement d’un dualisme du marché du travail, entre les salariés couverts par des conventions collectives et les autres. L’auteur insiste sur la différence de gouvernance des entreprises françaises et allemandes. Les secondes « se caractérisent par un degré d’association des salariés aux décisions beaucoup plus important que dans tous les autres pays industrialisés, et notamment qu’en France ».

Il préfère parler de codétermination plutôt que de cogestion, et sa description du système met l’accent sur la simplicité des formes de représentation, qui responsabilise les syndicats, et sur le poids accordé à ces derniers dans les décisions entraînant des suppressions de personnel. Troisième facteur de différenciation, les possibilités de promotion sociale y sont plus importantes qu’en France. Le bilan des réformes Schröder est moins positif. L’auteur stigmatise principalement la loi dite Hartz IV, qui a fortement revu à la baisse l’indemnisation des chômeurs et les a forcés à prendre des emplois coûte que coûte. Ce qui conduit à réduire le chômage mais à gonfler les rangs des travailleurs pauvres. Le régime sec a aussi été appliqué aux retraités, avec un âge légal de départ reporté à 67 ans en 2029 et une baisse parallèle des pensions. Guillaume Duval n’hésite pas à affirmer que « le redressement opéré sous Angela Merkel n’a guère fait que corriger les dégâts de Schröder ». L’amateur de paradoxes appréciera la conclusion de l’ouvrage : si l’Allemagne a si bien résisté à la crise, cela est plutôt dû à… son manque de flexibilité. De quoi faire réfléchir et débattre, après la signature de l’accord emploi.

Made in Germany, le « modèle allemand » au-delà des mythes, Guillaume Duval. Éditions Seuil . 230 pages, 17 euros.

Auteur

  • Jean Mercier