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Clermont-Ferrand, côté social

La Région dope l’emploi

Clermont-Ferrand, côté social | Métropoles | publié le : 02.02.2013 | Anne Fairise, Rozenn Le Saint

Entre les chèques à l’installation pour attirer les nouveaux venus, Graines d’emplois, Auvergne International et les prêts pour les projets innovants, le conseil régional investit pour les métiers de demain.

L’Auvergne se targue d’être la sixième région où le taux de chômage est le plus bas. Elle manque même de main-d’œuvre qualifiée tant elle est enclavée. Difficile de faire migrer des ingénieurs et des cadres dans une région encerclée par les volcans du Puy-de-Dôme. « Les clichés ont la vie dure. Pourtant, Clermont-Ferrand est situé sur une croix autoroutière exceptionnelle. Nous sommes à quatre heures maximum en voiture de toutes les destinations en France, avance René Souchon, président PS du conseil régional. Notre seul handicap reste le chemin de fer. »

Un chèque à l’installation

L’Auvergne serait si peu attractive qu’il faudrait payer les actifs pour qu’ils s’y installent ? En tout cas, le conseil régional s’y est résolu. Cent salariés aux compétences recherchées ont accepté de venir travailler, à condition que la Région règle leur loyer à hauteur de 500 euros mensuels… Du moins pendant les trois mois de période d’essai, le temps, espère-t-on, qu’ils succombent aux charmes locaux. « L’image de la région n’est pas très bonne, nous avons du mal à faire venir le personnel, mais une fois qu’il est là, il reste. Le turnover est très faible », confie Hervé Prévoteau, directeur du Biopôle Clermont-Limagne.

« Nous avons un déficit de personnel qualifié lourd dans l’aéronautique, par exemple, explique le président du conseil régional. Nous avons listé une centaine d’emplois qui ne trouvaient pas preneur et avons lancé ce “New Deal” de l’Auvergne. » Une formule choc pour un résultat au-delà des espérances : 2 500 personnes ont postulé via le site dédié à l’opération. Le 4 décembre, 22 recruteurs et 120 candidats se sont rencontrés dans le cadre de cette opération « un emploi + un logement offert = une nouvelle vie ! ». Avec, à la clé, une embauche dans l’industrie, l’informatique, la banque, les assurances, la santé ou l’agroalimentaire, et, en prime, une aide à l’installation.

Graines d’emplois

En décembre 2010, le conseil régional avait aussi lancé Graines d’emplois, un projet destiné à accompagner le développement des secteurs les plus porteurs. Le but ? Adapter les emplois d’aujourd’hui aux besoins de demain, créer localement les savoir-faire de l’avenir et miser sur les activités innovantes. Coach en Web, conseiller pour l’e-commerce, écoconcepteur, roboticien, expert en bâtiments durables… En tout, 114 métiers ont été identifiés. « Nous avons dépisté les emplois prometteurs dans l’informatique, les services à la personne, etc., et, à présent, nous nous efforçons de mettre en place des formations pour faire émerger les compétences requises », indique le président du conseil régional.

Des aides aux PME

Autre spécificité locale, 90 % des entreprises locales sont des TPE. « C’est un des principaux problèmes auvergnats. Nous avons envoyé des coachs numériques pour aider les chefs d’entreprise à faire face aux évolutions d’Internet et accompagné les TPE dans leur développement », met en avant René Souchon. L’objectif d’Auvergne International est le même. Les TPE-PME sont incitées à se développer à l’export. Le Fonds d’investissement Auvergne durable (Fiad), créé en octobre 2011 et destiné à favoriser l’investissement dans l’innovation des petites structures en priorité, lui, aurait déjà permis d’aider à la création de 763 emplois dans 131 entreprises. De quoi étoffer le tissu de TPE-PME local.

SERGE GODARD MAIRE DE CLERMONT-FERRAND ET PRÉSIDENT DE CLERMONT COMMUNAUTÉ
“Nous avons pris notre indépendance par rapport à Michelin”

Comment Clermont-Ferrand résiste-t-il à la crise ?

Même si nous avons noté une dégradation du niveau d’emploi en 2012, le taux de chômage clermontois reste de plus d’un point au-dessous du niveau national. Les 37 000 étudiants clermontois insufflent dans notre ville un dynamisme profitable au développement économique. C’est grâce à cette qualité de l’offre de formation universitaire qu’aujourd’hui plus de 6 000 chercheurs publics et privés travaillent aux technologies du futur, aussi bien dans des organismes publics tels que l’Inra, le CNRS, que privés, comme Michelin, Limagrain ou Almerys.

Comment l’économie clermontoise peut-elle s’émanciper de la Michelin dépendance ?

Plus qu’une dépendance, c’est une relation unique qui unit les Clermontois à la manufacture Michelin. C’est la seule entreprise du CAC 40 à avoir implanté son siège social dans une ville de province. Bien entendu, il est évident que Clermont-Ferrand ne serait pas devenue la ville qu’elle est aujourd’hui sans le développement de l’entreprise. Mais nous avons pris peu à peu notre indépendance. L’agglomération clermontoise a diversifié son économie, en particulier dans le secteur tertiaire. Michelin représente aujourd’hui moins de 10 % des emplois de la ville, contre plus de 40 % il y a une trentaine d’années.

Quelles sont les faiblesses clermontoises ?

Notre talon d’Achille, c’est l’enclavement ferroviaire. C’est pour cela que j’attends beaucoup du projet de LGV, qui rapprochera Clermont-Ferrand de Paris et de Lyon. Aujourd’hui, il faut respectivement plus de trois heures et deux heures pour rejoindre ces villes en train ! La LGV consacrerait enfin notre statut de métropole régionale.

Quel rôle doivent jouer les pouvoirs publics pour relancer l’économie ?

Pour combattre cette crise, il faut avoir une vision d’avance, en donnant notamment aux jeunes les moyens de construire leur avenir professionnel. C’est dans cette optique que notre municipalité a lancé depuis 2008 un dispositif d’écoute et de dialogue, qui met en relation les jeunes Clermontois avec des chefs d’entreprise, des représentants d’association et de nombreux acteurs du domaine de l’éducation, de la formation, de l’emploi ou bien encore du logement. Ces « rencontres-actions » ont permis depuis quatre ans à plus de 4 500 jeunes de se faire aider dans leur construction personnelle et professionnelle. Propos recueillis par R. L. S.

Auteur

  • Anne Fairise, Rozenn Le Saint