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Des minima salariaux pour les petites mains du cinéma

Actu | Veille | publié le : 02.02.2013 | Rozenn Le Saint

Le ministère du Travail pourrait étendre bientôt la convention collective des ouvriers et techniciens de la production de films.

Loin des salaires mirobolants et des frasques à la Gérard Depardieu, les droits des petites mains du cinéma devraient être prochainement renforcés. Ingénieurs du son, machinistes, constructeurs de décors, monteurs, maquilleurs, coiffeurs… Les représentants des 25 000 ouvriers et techniciens de la production cinématographique bataillent en coulisse depuis sept ans pour l’extension de leur convention collective datant de… 1950. Sans l’arrêté du ministère du Travail la validant, son application n’est pas obligatoire. Résultat, à peine la moitié des tournages respecterait les salaires minima inscrits dans la convention, s’étageant de 430 à 2 800 euros brut par semaine.

Mais la scène finale des négociations devrait bientôt se jouer, puisque, selon le cabinet de Michel Sapin, « si l’examen de légalité de la proposition d’extension est concluant, d’ici à fin février, le ministre devrait trancher par un arrêté ».

Le texte en question est celui proposé en janvier 2012 par l’Association des producteurs indépendants (API), syndicat patronal composé des mastodontes du septième art (Gaumont, MK2, Pathé, UGC) et signé par l’ensemble des orga nisations syndicales – dont la CGT et le SNTPCT, majoritaires dans la pro fession –, à l’exception de la CFDT. La demande d’extension, qui maintient les salaires planchers actuels, a reçu le consentement de la ministre de la Culture le 20 décembre. Ce qui a provoqué une levée de boucliers du côté des petits producteurs. « L’API représente seulement 5 % des films réalisés, relève Juliette Prissard, déléguée générale du Syndicat des producteurs indépendants (SPI). Leur texte nous obligerait à reprendre un système de rémunération assez élevé que les budgets des films à économie fragile ne permettent pas. » Au dire de l’organisation, l’application des minima aboutirait à voir les salles obscures privées de 70 œuvres à petit budget par an.

Un argument que balaie la CGT. D’après le syndicat, un ouvrier ou technicien du cinéma ne gagne en moyenne que 16 000 euros brut par an. Auxquels s’ajoutent environ 6 500 euros d’indemnités chômage, prévues par le statut d’intermittent. Selon le CNC, les rémunérations des ouvriers, techniciens et réalisateurs comptent seulement pour 19 % du budget de production d’un film. Le reste se répartit entre les frais techniques (12 %), ceux de tournage (30 %) et… les salaires des comédiens (39 %)! « Certains producteurs annoncent que s’ils ne parviennent pas à avoir, par exemple, Carole Bouquet, le film ne se fera pas. Pour payer son cachet, ils demandent alors aux ouvriers et techniciens de faire des efforts », déplore Denis Gravouil, secrétaire adjoint de la Fédération CGT du spectacle. « C’est très peu vrai pour les productions à éco nomie fragile, rétorque Juliette Prissard. Une dizaine de films sur la place de Paris donne l’impression que nous sommes un secteur qui s’en met plein les poches. Cela parasite le débat ! »

Son camp revendique l’exonération des films d’un budget inférieur à 4 millions d’euros, alors que la proposition de l’API consent un statut spécial pour ceux de moins de 2,5 millions d’euros, uniquement. L’opposition comptait bien se faire entendre à nouveau lors de la sous- commission d’extension du 28 janvier. Mais le scénario le plus probable reste la validation du texte signé par l’écrasante majorité des syndicats du personnel, il y a un an déjà.

Auteur

  • Rozenn Le Saint