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Carrefour veut laver plus blanc

Actu | Veille | publié le : 02.02.2013 | Stéphane Béchaux

L’enseigne consent à indemniser ses salariés pour l’entretien de leur tenue de travail.

Voilà un texte dont la direction du groupe Carrefour ne fait pas la pub. Le 21 décembre, l’enseigne a signé avec FO et la CGC un accord portant sur l’indemnisation des frais d’entretien des tenues de travail. Depuis le 1er janvier, les quelque 80 000 salariés de l’Hexagone habillés aux couleurs de l’enseigne se voient attribuer une allocation forfaitaire mensuelle de 5 euros brut, destinée à couvrir leurs frais de lavage, séchage et repassage. Une indemnité qui sera réévaluée au cours des trois prochaines années pour atteindre 8 euros en 2016.

La décision, impulsée par le nouveau patron, Georges Plassat, ne relève en rien d’un brusque accès de générosité : elle vise à éteindre le contentieux massif qui s’est développé sur le sujet, en parallèle des procédures pour non-respect du smic. D’après la CFDT, en pointe de la lutte, 6 000 employés ont saisi les tribunaux depuis 2005 pour obtenir l’indemnisation de l’entretien, à leurs frais, de leur tenue de travail. « Pendant des années, la direction a fait le mort. Mais comme les jugements en appel et en cassation lui sont tous défavorables, elle a cédé », analyse Serge Corfa, le leader cédétiste. Le syndicat a cependant refusé, comme la CGT, de ratifier le texte. Au motif que les sommes allouées sont très inférieures à celles obtenues devant les juridictions d’appel, comprises entre 20 et 37 euros par mois.

En sus de l’accord, la direction s’est aussi entendue avec FO et la CGC – les syndicats les moins impliqués dans la lutte judiciaire ! – pour conclure un « protocole d’intention » visant à mettre un terme aux contentieux en cours. Un texte dans lequel l’entreprise propose aux salariés de renoncer à leur action moyennant 300 euros (60 euros sur cinq ans) au titre de l’indemnisation de l’entretien passé de leurs tenues, complétés par 700 euros de dommages et intérêts pour « résistance abusive » de l’employeur. Soit un joli chèque de 1 000 euros qui devrait tenter plus d’un contestataire. Mais aussi donner des idées à tous les « gentils » salariés qui, pour n’avoir pas saisi le juge, n’ont droit à rien ! Une prime à la contestation qui pourrait relancer la machine à contentieux…

Auteur

  • Stéphane Béchaux