Cette année 2013 sera dominée par la réouverture du chantier du financement de la protection sociale. Ce qui rend d’autant plus recommandable la lecture du petit livre de l’économiste du travail Jean-Olivier Hairault. Le fait dominant, c’est l’allongement spectaculaire de l’espérance de vie, et plus encore, en bonne forme : elle était de 55 ans avant la Seconde Guerre mondiale, elle sera de 90 ans en 2060. Comment faire face à l’accroissement des dépenses de vieillesse provoqué par ce phénomène ? Il n’y a pas de miracle, selon Jean-Olivier Hairault. Toute réforme se réduit à un arbitrage entre les inconvénients : désindexation des pensions sur les salaires et maintenant sur les prix, recul de l’âge de départ à la retraite, relèvement des cotisations pesant sur des actifs de moins en moins nombreux… La réforme d’Édouard Balladur en 1993 ne trouve pas grâce aux yeux de l’auteur, qui souligne sa brutalité. La modification de la base salariale de calcul du niveau de la pension, passée des 10 meilleures années aux 25, était une mesure qui aboutissait peu ou prou à la réduction de 25 % du niveau moyen des pensions versées à taux plein ! En revanche, l’auteur se montre plutôt louangeur pour la réforme Fillon de 2003, à laquelle il reconnaît le mérite d’avoir « dressé le cadre de la retraite choisie ». En se polarisant sur le chiffre fétiche des 60 ans, la réforme Sarkozy de 2010 lui paraît être passée à côté des vrais enjeux. Lorsque la réforme reviendra sur le tapis, il faudra cette fois se poser les bonnes questions. Première interrogation : faut-il à tout prix s’obstiner à faire travailler le plus longtemps possible les seniors alors même que leur taux de chômage est un des plus élevés ? La faiblesse du taux d’emploi des seniors en France est le résultat d’un consensus social, explique l’économiste, privilégiant l’idée du partage du travail. Faire partir le plus tôt possible les seniors est une manière de gérer la baisse des effectifs sans rompre la paix sociale dans un pays où la culture du conflit domine les relations entre employeurs et syndicats. Ce passionnant diagnostic s’achève par des pistes de réforme, parfois iconoclastes. Jean-Olivier Hairault propose de revenir à l’âge légal de 60 ans, le calcul de la pension reposant sur la durée de cotisation, prône le retour au calcul de la retraite sur les 10 meilleures années et la création d’une surcote versée sous la forme d’un patrimoine. Un ouvrage essentiel sur ce sujet majeur de 2013.

Vivre et travailler plus longtemps. La retraite, à quel âge ?, Jean-Olivier Hairault. Éditions Descartes & Compagnie. 154 pages, 15 euros.