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Idées

Le social en luttes

Idées | Livres | publié le : 03.12.2012 |

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Le social en luttes

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Cette somme entend retracer l’histoire des mouvements sociaux de 1 814 à nos jours. Pour éviter d’avoir à revenir sur la rupture la plus forte, celle de la Révolution française, les auteurs ont choisi le moment du retour des Bourbons en France, après l’épisode de Napoléon, pour commencer cette revue des diverses formes de la contestation sociale dans notre pays. C’est aussi à cette période que Pierre Rosanvallon fait remonter l’invention du social, c’est-à-dire « le mode d’agrégation et l’institution de pôles régulateurs intermédiaires entre l’État et les individus ». Ouvrage collectif, ce panorama des luttes sociales se présente plutôt sous la forme d’une succession d’analyses thématiques. Celle qui ouvre quasiment le livre, après l’introduction de ses deux maîtres d’œuvre, Danielle Tartakowsky et Michel Pigenet, montre le rôle répressif qu’ont joué les juges face aux mouvements sociaux. Il faudra attendre la fin du xixe siècle pour qu’une image plus nuancée du rôle du juge dans les conflits sociaux apparaisse. Quelques formes contestataires oubliées aujourd’hui renaissent dans la multitude des contributions : François Jarrige revient sur le luddisme, qui s’attaquait aux machines, Fabrice Bensimon évoque le chartisme, importé de Grande-Bretagne mais sans succès chez nous. Il y a bien sûr les révoltes massives, de 1848, de la Commune ou, plus ancienne, celle des canuts lyonnais. Parcellaires, ces mouvements se nationalisent réellement à partir des années 1980, estiment Tartakowsky et Pigenet : ils montrent aussi comment l’action sociale prend un caractère plus politique et institutionnel. Là encore, on découvre des types de protestation sociale que l’on connaissait peu, à l’instar du « pilarisme » belge, lié au mouvement coopératif. C’est Danielle Tartakowsky qui relate l’histoire du 1er mai français, Michel Pigenet s’intéressant plus en détail au mythe de la grève générale. La troisième partie s’étend des années 1930 aux années 1970 : grande époque de l’État social et des mobilisations nationales. Patrick Fridenson, toujours aussi subtil, met bien en évidence le basculement « de la production au patronat ». Après l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, une recomposition se dessine laborieusement, que nous vivons encore en 2012. Jean-Marie Pernot s’attache à décrypter la désyndicalisation, qu’il invite à ne pas confondre avec la disparition des luttes sociales et de l’affrontement capital/travail.

Histoire des mouvements sociaux en France, de 1814 à nos jours, sous la direction de Michel Pigenet et Danielle Tartakowsky. Éditions La Découverte. 800 pages, 32 euros.