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Éditorial

À la Saint-Gallois, fais ce que tu dois !

Éditorial | publié le : 02.11.2012 | Jean-Paul Coulange

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À la Saint-Gallois, fais ce que tu dois !

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Cette année, la Saint-Gallois tombe le 5 novembre. C’est, en effet, à cette date que l’ex-président d’EADS, ci-devant commissaire général à l’investissement, remettra à Jean-Marc Ayrault son rapport très attendu sur la compétitivité. Une photo officielle qui sera suivie, le lendemain, d’un séminaire gouvernemental ad hoc. Il en va ainsi dans notre pays : les rapports jalonnent l’histoire économique et sociale comme autant de petits cailloux.

À l’inventaire des rapports déjà oubliés, on peut citer les travaux, dans le même genre, du banquier Michel Camdessus « Vers une nouvelle croissance pour la France » (2004), de l’industriel Jean-Louis Beffa « Pour une nouvelle politique industrielle » (2005), de l’économiste Jacques Attali « Pour la libération de la croissance française » (2008)… À moins qu’en raison de la mise en scène choisie la contribution de Louis Gallois ne s’apparente davantage au rapport sur « L’avenir de nos retraites » remis en 1999 au Premier ministre de l’époque, Lionel Jospin, par le commissaire général du Plan, Jean-Michel Charpin. Une répétition générale servant à tâter le terrain et à préparer l’opinion publique avant une grande réforme. Laquelle vint dix ans plus tard. Tout l’art de la politique consistant à faire fuiter à l’avance les recommandations dudit rapport afin de prendre ses distances avec les plus décriées.

S’agissant du rapport Gallois, le fameux « choc de compétitivité » que préconisera l’ancien patron de la SNCF sera-t-il réellement administré à l’économie française ? La vraie question étant plutôt de savoir s’il prendra la forme d’un remède de cheval ou d’une dose homéopathique. Puisqu’il s’agit globalement du même schéma que celui retenu par l’ancienne majorité – un transfert de cotisations sociales vers la fiscalité –, la jauge s’appréciera en milliards d’euros. À hauteur de 10 milliards, le patronat criera au chiqué ; à partir de 30 milliards de transfert, même étalés sur plusieurs années, le traitement sera jugé probant ; passé la barre des 50 milliards, même sur l’ensemble du quinquennat, le Medef sablera le champagne.

L’autre inconnue est la nature du cocktail qui sera choisi pour compenser la baisse des cotisations sociales. Après avoir sabordé la seule hausse de 1,6 point de TVA prévue au 1er octobre et jugée trop inégalitaire, le gouvernement soutient mordicus qu’il ne s’orientera pas vers une hausse de la CSG. Mais aura-t-il le choix ? Cette invention de Michel Rocard possède l’énorme avantage de frapper tous les revenus. Alors TVA sociale de droite contre CSG sociale de gauche ? Le raccourci est trop caricatural car le gouvernement Fillon n’a pas hésité à relever, en 2011, la CSG sur les produits financiers. Enfin, il reste surtout à savoir à quelles catégories de salaires serait appliquée la baisse de charges. Car, c’est bien connu, le diable se cache toujours dans les détails.

Retrouvez la chronique « Ma vie au boulot », de Sandrine Foulon, rédactrice en chef adjointe de LSM, dans l’émission d’Alexandra Bensaid « On n’arrête pas l’éco », tous les samedis à 9 h 10, sur France Inter.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange