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Idées

L’inégalité, là où on ne l’attend pas

Idées | Livres | publié le : 03.10.2012 | Jean Mercier

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L’inégalité, là où on ne l’attend pas

Crédit photo Jean Mercier

La mondialisation est-elle le fossoyeur de l’égalité ? Après deux siècles de hausse continue, note François Bourguignon dans son dernier essai, les inégalités entre économies ont désormais tendance à décroître. En revanche, elles se sont envolées au sein des pays industrialisés. « Le tournant du millénaire marque un retournement historique de l’inégalité dans le monde », souligne l’auteur, constatant qu’il en va de même pour la grande pauvreté : il y avait environ 2 milliards de personnes en situation de pauvreté extrême vers 1980, chiffre tombé à 1,4 milliard. L’explication est relativement simple : le monde en développement est entré dans un processus de rattrapage. En revanche, à l’intérieur de nos économies, la tendance est rigoureusement inverse. Fortunes, salaires, pauvreté : tous les indicateurs ont viré largement au rouge aux États-Unis, tête de pont du modèle occidental. Le cas français semble en partie échapper à cette dégradation. « La France est l’un de ces pays à hauts revenus où l’inégalité des revenus a diminué de façon assez continue », observe l’auteur, au moins jusqu’aux dernières années. Cela s’explique en partie par l’existence d’un salaire minimum relativement élevé. Autres sources d’inégalité, précarité de l’emploi et délocalisation ont accompagné la désindustrialisation à grande échelle qui a frappé les pays développés. Mondialement, tous les revenus augmentent, mais restent concentrés entre les mains d’un petit nombre de personnes, qui gagnent des sommes faramineuses. C’est vrai des footballeurs comme des patrons de multinationale. En même temps qu’elle pousse à l’accroissement des inégalités dans les nations, la mondialisation affaiblit les digues dont ces dernières se servaient pour contenir cette évolution. La fiscalité dans un seul pays peut toujours être contournée par des montages sophistiqués, voire par… des changements de nationalité. Le marché du travail subit une dérégulation croissante, mais, sur ce point, rien n’indique que cela se traduise fatalement par plus d’inégalité. Il y a enfin le déclin syndical, accentué par la globalisation économique. La concurrence rend les marges de négociation de plus en plus faibles. Enfin, les restructurations s’avèrent irrésistibles, comme le montrent les limites du volontarisme d’État sur le dossier PSA. Dans ces conditions, le salut viendra d’une initiative commune transnationale en faveur de l’égalité. Malheureusement, on risque d’attendre encore longtemps.

La Mondialisation de l’inégalité, François Bourguignon. Éd. Seuil, coll. « La République des idées ». 110 pages, 11,80 euros.

Auteur

  • Jean Mercier