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Idées

L’économie et le bonheur

Idées | Livres | publié le : 03.10.2012 |

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L’économie et le bonheur

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Il faut prendre le dernier essai de Daniel Cohen comme une réflexion sur ce que l’économie peut apporter à la compréhension de notre monde. S’il est une belle affirmation de sa conviction que la science économique peut s’attaquer à toutes les questions qui nous préoccupent, il est aussi une démonstration, souvent brillante, que l’économie n’explique pas tout. C’est pour cette raison que l’ouvrage de cet économiste débute par des variations sur le concept aujourd’hui à la mode de « bonheur intérieur brut », en partant de ce paradoxe que « le bonheur régresse ou stagne dans les sociétés riches, en France comme ailleurs ». Plus globalement, son livre porte sur le hiatus croissant entre l’importance que prend la « part de l’humain » dans notre monde et le peu de place que lui laisse une théorie économique fondée sur le type de l’homo economicus. L’entreprise fournit un exemple de cette divergence entre les indicateurs économiques et le ressenti des acteurs puisque, pour améliorer les premiers, on met à mal la valeur travail. Daniel Cohen constate que l’on est passé de « l’emploi intégrateur » d’hier, offrant des promesses de promotion à tous les échelons de la hiérarchie, à une mécanique d’éclatement et de précarisation. À la fin de l’ouvrage, l’auteur s’interroge sur les conséquences de la révolution numérique pour nos sociétés.

Si elle permet de réaliser de nouveaux gains de productivité, c’est par une intensification du travail. « Loin de libérer des contraintes de la production, note Daniel Cohen, la société postindustrielle les exacerbe. » À ses yeux, les objectifs des politiques publiques devraient de plus en plus viser à donner à chacun les moyens du libre choix : vivre la vie qu’on souhaite, c’est le plus beau des luxes.

Homo economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux, Daniel Cohen. Éditions Albin Michel . 280 pages, 17,90 euros.