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Élections TPE… miniscrutin, maxiproblèmes

Actu | Veille | publié le : 03.10.2012 | Stéphane Béchaux

Sans illusions, les syndicats tentent de mobiliser les salariés des TPE.

Sur le papier, les élections syndicales dans les très petites en treprises, prévues du 28 novembre au 12 décembre, s’annoncent cruciales. Les 4,6 millions de voix que détiennent les employés des entreprises de moins de 11 salariés et les employés à domicile peuvent peser lourd, en 2013, dans la mesure de l’audience des syndicats au niveau des branches et de l’interprofessionnel. Sauf qu’en pratique les gros efforts déployés par le ministère du Travail pour organiser matériellement ce scrutin risquent de s’avérer bien vains.

À la Direction générale du travail comme dans les confédérations, on prévoit un très faible taux de participation. « On aimerait pouvoir arriver au score des élections prud’homales de 2008, soit 25 % de votants. Mais on n’y croit pas. Dépasser les 10 %, ce sera déjà difficile », admet Philippe Louis, président de la CFTC. « Il s’agit d’un simple vote sur sigle, sans droits nouveaux à la clé. Si on fait 10 %, ce sera déjà bien », abonde Stéphane Fustec, secrétaire fédéral à la CGT Commerce.

Tractage dans les gares et les centres commerciaux, réunions dans les unions territoriales, stands dans les salons… Depuis plusieurs mois, les centrales multiplient les initiatives pour se faire connaître et sensibiliser les salariés des TPE aux enjeux du scrutin. L’opération la plus spectaculaire ? Celle de la CGT Commerce, qui sillonne depuis la mi-mai les centres-villes des grandes agglomérations avec un bus relooké à ses couleurs. Des actions de terrain classiques complétées par des campagnes numériques : les confédérations ont toutes investi la Toile avec des sites dédiés, des clips vidéo, des comptes Facebook ou Twitter, dans l’espoir de toucher le public le plus large.

De l’avis de tous, l’accueil sur le terrain est bon, y compris de la part des petits patrons. Mais, du côté des syndicats, le cœur n’y est pas vraiment. « L’organisation même du scrutin ne permet pas d’aller au contact d’un grand nombre d’électeurs. Il s’agit d’un vote dématérialisé, avec des listes électorales imprécises, pour lequel les employeurs ne sont aucunement sollicités, pas même pour apposer une affiche d’information dans leurs locaux », déplore Marie-Alice Medeuf-Andrieu, la secrétaire confédérale FO chargée de la négociation collective. Dans ces conditions, impossible pour les centrales, qui pâtissent d’une implantation quasi inexistante dans les petites entreprises, de combler leur déficit de visibilité en quelques semaines. Pas de miracle, non plus, à attendre de la campagne d’information gouvernementale, dotée de 2,5 millions d’euros, prévue en novembre. Encarts publicitaires et spots radio ne suffiront pas pour mobiliser les foules.

Loin de renforcer la légitimité des organisations syndicales, le scrutin pourrait aboutir à l’effet inverse. En cas d’abstention massive, leur capacité à négocier s’en trouverait affaiblie, en plein round de négociation interprofessionnelle sur la flexisécurité. Dans les secteurs composés d’une myriade de TPE, c’est la mesure même de l’audience des syndicats qui se trouverait compromise. « Ce scrutin va générer des contentieux monstres, branche par branche », pronostique déjà, pour FO, Marie-Alice Medeuf-Andrieu. Ce qui ne devrait pas déplaire à sa centrale, farouchement opposée à la loi du 20 août 2008. Ni à la CFTC, gravement menacée de perdre des pans entiers de sa représentativité à la mi-2013.

Auteur

  • Stéphane Béchaux