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Nancy, côté social

Nancy cultive l’esprit de son École

Nancy, côté social | Métropoles | publié le : 03.09.2012 | Sabine Germain, Pascale Braun

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Le Grand Nancy

Crédit photo Sabine Germain, Pascale Braun

Jeter des ponts entre la culture, l’industrie et la recherche pour doper la créativité, c’est le pari de Nancy, fidèle à l’héritage de sa fameuse École, pour stimuler une Lorraine éprouvée par la crise.

C’est lors de la célébration du centenaire de l’École de Nancy, en 1999, qu’est né le projet de campus Artem (art, technologie, management). À la manière d’Émile Gallé, d’Antonin Daum ou de Louis Majorelle, qui ont réinventé les arts décoratifs et développé les industries de l’art, Nancy a décidé d’unir des disciplines qui ont perdu l’habitude de se parler en installant trois de ses grandes écoles sur le même campus : l’École nationale supérieure d’art (Ensan), l’École nationale supérieure des mines (ENSMN) et ICN Business School.

Les 900 élèves de l’École des mines s’apprêtent à vivre leur première rentrée dans ce nouveau morceau de ville situé le long de la première ligne de tramway, mise en service en 2009. L’Ensan et l’ICN ne les rejoindront qu’en 2014. Mais, depuis cinq ans déjà, près de 600 étudiants des trois écoles participent chaque année à des ateliers communs, pour créer des passerelles entre leurs disciplines et stimuler l’innovation.

L’Institut Jean-Lamour rejoindra également le campus Artem en 2014 : ce centre de recherche spécialisé dans les matériaux, la métallurgie, les nanosciences, les plasmas et les surfaces, né en 2008 de la fusion de cinq laboratoires réunissant 150 chercheurs, réservera un espace de 600 mètres carrés à l’accueil d’entreprises désireuses de développer des coopérations avec le monde de la recherche académique.

Pendant ce temps, la ville continuera, comme elle le fait depuis près de vingt ans, à consacrer 20 % de son budget à la culture, faisant vivre un opéra, un ballet, deux théâtres, trois musées… Car si l’université est le moteur de la vie et de l’économie nancéiennes, la culture et les échanges interculturels en sont l’un des ferments. Objectif : « Faire de Nancy une ville créative, capable d’attirer toutes sortes de talents », explique Claudine Guidat, première adjointe au maire (voir son portrait p. 39).

Dans une Lorraine fortement touchée par la désindustrialisation, Nancy est toujours sorti du lot, plus bourgeois et plus sûr de lui que son rival, Metz. Les deux cités lorraines apprennent désormais à s’apprivoiser : la création, en janvier dernier, de l’Université de Lorraine (qui fédère toutes les universités et grandes écoles de Metz et de Nancy), est le signe le plus tangible de ce rapprochement.

Nancy a longtemps fait son fier, jouissant d’une richesse née de son histoire et de ses ressources naturelles davantage que de sa situation géographique. À l’écart des grands axes, il doit maintenant se rapprocher de Metz et de Luxembourg pour devenir stratégique. « L’ave nir métropolitain se joue désormais dans l’espace central entre Nancy et Metz », estime Denis Hassler, secrétaire général de la CFDT Meurthe-et-Moselle et chantre de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) territoriale. Une vision partagée par l’ensemble des acteurs locaux de l’économie et de l’emploi : de la chambre de commerce à l’Agence de développement et d’urbanisme de l’aire urbaine nancéienne en passant par la municipalité et la maison de l’emploi, tous veillent à anticiper les besoins en qualifications et en compétences des entreprises pour réduire l’impact de la crise.

Nouveaux relais de croissance. Nancy n’a, certes, jamais été aussi industriel que le reste de la Lorraine. Mais le nombre d’emplois secondaires atteint aujourd’hui son plus bas niveau : à peine 9 500 (en baisse de 2,1 % en 2011) sur les 140 000 emplois du Grand Nancy. L’économie a longtemps été tirée par l’emploi public, le CHU (8 000 salariés) et les universités (6 800) restant – et de loin – les deux principaux employeurs. Depuis plus de vingt ans, elle cherche de nouveaux relais de croissance : les centres d’appels (50 plates-formes, 2 500 emplois), la banque et l’assurance (700 entreprises, 5 500 emplois), l’éco nomie numérique (750 entreprises, 8 500 emplois), la santé (32 000 emplois, dont 26 700 dans des établissements de soins et 5 300 dans des laboratoires ou des entreprises de services)…

Localement, le dialogue social n’en reste pas moins marqué par son passé industriel : « Nancy en a conservé des syndicalistes bien formés et compétents », note Marc Hertert, avocat associé au sein du cabinet Filor (où il conseille les employeurs). Avec, là encore, une spécificité nancéienne : alors que la Lorraine est un bastion de la CFDT, c’est ici la CGT qui mène la course en tête, tirée par une forte implantation dans le secteur sanitaire et social.

Pour autant, les conflits sociaux sont rares : « Ils sont généralement déminés en amont », explique Marc Hertert. Il est vrai que le tissu économique est essentiellement constitué de PME. Mais ce n’est pas la seule raison : « Nous sommes en terre radicale, avec une solide culture de la négociation et du compromis », observe Frédéric Géa, agrégé de droit privé et chercheur au Cerit. Ce centre de recherche sur le travail et la protection sociale, l’un des plus actifs de France, s’inscrit dans une longue tradition : ce n’est pas un hasard si la revue Droit social est née à Nancy en 1938. Et c’est encore un indice de cette façon qu’ont toujours eue les Nancéiens de jeter des ponts entre l’université et l’économie, la recherche et le monde du travail. S. G.

Principaux employeurs privés

NANCY

Acticall 500 salariés

Connex (transport urbain) 600 salariés

L’Est républicain 700 salariés

Fives Nordon (conception d’usines) 300 salariés

Polyclinique Gentilly 400 salariés

ESSEY

France Télécom 400 salariés

FROUARD Delipapier (papier sanitaire) 400 salariés

HOUDEMONT

Cora 500 salariés

LAXOU

Auchan 400 salariés

Socam (centre d’appels) 600 salariés

MAXÉVILLE

ISS Propreté 300 salariés

Pertuy Construction 400 salariés

PULNOY

Dalkia 300 salariés

Auteur

  • Sabine Germain, Pascale Braun