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Des gestionnaires, pas des stratèges

Dossier | publié le : 03.09.2012 | Anne-Cécile Geoffroy, Emmanuelle Souffi, Adeline Farge

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Quelles compétences recherchez-vous en priorité au sein de votre équipe RH ?

Crédit photo Anne-Cécile Geoffroy, Emmanuelle Souffi, Adeline Farge

Des professionnels pragmatiques, proches du terrain et bons techniciens… Voilà les collaborateurs qu’attendent les DRH. Ils privilégient donc les formations à la GRH. Satisfaits de l’offre, ils ont un faible pour la filière universitaire.

Pas glamour, la fonction RH ! À éplucher les résultats du sondage réalisé par Inergie auprès des adhérents de l’ANDRH en exclusivité pour Liaisons sociales magazine, les compétences fondamentales recherchées en priorité par les DRH concernent avant tout l’administration et la paie (51 % des sondés les placent en tête), devant la gestion des emplois et des carrières (46 %), le juridique (45 %), les relations sociales. Cette dernière compétence est d’ailleurs de plus en plus recherchée : alors que, en 2009, 29 % des DRH la jugeaient fondamentale à leur service, trois ans plus tard, ils sont 34 %. Pas de quoi faire rêver des étudiants plutôt attirés par une fonction en prise avec les hommes et la stratégie de l’entreprise. C’était déjà vrai dans notre précédent sondage, en 2009. Ça l’est encore plus cette année : les entreprises ne sont plus en quête de stratèges. Les DRH recherchent aussi des professionnels rompus à la communication. Si toutes les formations du palmarès abordent ces questions, seuls deux masters affichent très clairement cette orientation : ceux du Celsa et de l’université Paris XIII. « Globalement, c’est une image très gestionnaire et technique de la fonction qui émane de l’étude, tant par la nature des compétences recherchées que dans les missions proposées », explique Luc Vidal, DG du cabinet Inergie.

Un effet collatéral de la crise qui aurait coupé les ailes de nos DRH ? Pas sûr que ce constat plaise aux responsables des formations qui, pour la plupart, veulent redonner un supplément d’âme à une fonction étouffée par le poids du reporting et l’omniprésence des outils RH. « Les DRH semblent rechercher des profils de plus en plus proches du terrain, à l’écoute et disponibles. Ils attendent aussi de la rigueur et du pragmatisme. Si, en 2009, l’anticipation, l’aptitude à sortir des sentiers battus, à être force de proposition constituaient des qualités recherchées, les tendances observées cette année posent question : irait-on vers un appauvrissement de la fonction ? » questionne Laurent Rouas, d’Inergie.

En bonne logique, les DRH attendent donc des cursus qu’ils soient pratiques (+ 10 points par rapport à 2009) et techniques (+ 14 points). La famille des troisièmes cycles en gestion des ressources humaines emporte l’adhésion au niveau des formations initiales : 78 % des sondés privilégient cette spécialisation (ils étaient 63 % en 2009), devant celle du droit social et du travail (59 %), du management et de la conduite du changement (36 %). Du côté de la formation continue, la GRH supplante également les autres spécialités (59 % des sondés la privilégient). Pour les DRH et les RRH plus expérimentés, ils optent en revanche pour des filières plus tournées vers le management que vers le droit. Entre l’université et les grandes écoles, les DRH privilégient toujours les filières universitaires, que ce soit en formation initiale ou en formation continue, pour recruter puis former leurs salariés. L’université a d’ailleurs gagné des galons auprès des DRH pour ce qui est de la formation continue. Ils sont 47 % à préférer cette filière à celle des grandes écoles (42 %). Un très bon point pour l’université, qui propose aussi beaucoup plus de formations que les grandes écoles.

Pour former des jeunes comme des profils plus expérimentés, l’alternance fait l’unanimité chez les DRH. La satisfaction des DRH vis-à-vis des formations reste forte : 70 % des DRH se disent satisfaits des relations écoles-entreprise. En revanche, les formations vont devoir faire un effort pour clarifier leur offre, notamment en formation initiale. Si 57 % des DRH comprennent l’offre de formation, tous les autres semblent complètement perdus.

Des embauches incertaines. La qualité des formations, tant initiales que continues, n’est, en revanche, pas remise en cause. Plus de 80 % des DRH sont satisfaits de la formation de leurs collaborateurs. Du côté des intentions d’embauche, l’incertitude domine. En 2012, 58 % des DRH indiquent qu’ils n’embaucheront pas. Dans les entreprises de 50 à 249 salariés, ils sont même plus des trois quarts (77 %) ! D’ici à deux ans, 22 % savent déjà qu’ils ne recruteront pas. Et la part des indécis s’est très nettement renforcée depuis 2009. Il y a trois ans, 15 % des sondés n’avaient pas de visibilité. Ils sont 35 % en 2012. Les responsables des masters vont avoir du pain sur la planche pour placer leurs futurs diplômés. Ils devront redoubler d’imagi nation afin de les préparer et, surtout, les accompagner dans leur insertion professionnelle, au-delà du diplôme. A.-C. G.

Méthodologie. Sondage réalisé en ligne du 9 mai au 8 juin 2012 auprès de 213 professionnels de la fonction RH membres de l’ANDRH.

De 66 000 à 75 000 euros

C’est le salaire annuel médian proposé pour un DRH.

De 46 000 à 55 000 euros pour un RRH.

De 31 000 à 45 000 euros pour un chargé de mission.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy, Emmanuelle Souffi, Adeline Farge