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Idées

Défense de l’Etat social

Idées | Livres | publié le : 04.05.2012 | Jean Mercier

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Défense de l’Etat social

Crédit photo Jean Mercier

Si la campagne présidentielle a pu sembler si terne, c’est qu’elle a occulté ce qui est au centre de la vie des Français. Non que l’immigration, le salaire des patrons, la proportionnelle, la fiscalité ou le financement des PME ne soient pas des sujets importants. Mais ils sont, pour une large part, surdéterminés par ce que sera l’organisation et la gouvernance de l’Europe dans les années à venir. Or, des questions européennes, on n’en a guère parlé que sur le mode caricatural. C’est encore plus vrai pour un autre thème, central : celui de l’État providence. À ce terme, Christophe Ramaux, professeur d’économie à l’université Paris 1 et conseiller scientifique d’Attac, préfère celui d’« État social ». Pour près de la moitié de leurs revenus, rappelle-t-il, les Français dépendent de la grande machine étatique de redistribution sociale. Aujourd’hui, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ce rôle crucial ne va plus de soi. L’auteur défend une définition large de l’´État social articulant quatre formes d’intervention : la protection sociale, la régulation des rapports de travail, les services publics et les politiques économiques « actives ». Toutes les tentatives de théorisation ont souffert de se concentrer sur une partie seulement, en général la protection sociale, de ce vaste ensemble réglementaire et budgétaire. Le spécialiste de la Sorbonne s’oppose au catastrophisme souvent pratiqué dans les descriptions des évolutions imprimées à l’intervention sociale de l’État après les Trente Glorieuses. Il s’emploie à montrer que pratiquement dans toutes les grandes économies, y compris les États-Unis, l’armature de l’État social reste forte et a plutôt bien résisté aux coups de boutoir des idéologues de la privatisation à outrance. La seconde partie se présente comme une forme de réhabilitation théorique de l’État social. Le positionnement politique de l’auteur l’amène même à en faire un rempart de la démocratie face aux assauts du capitalisme. La fin du livre tire à boulets rouges sur une Europe trop libérale. Ce n’est pas à la hauteur du reste, où Christophe Ramaux a su se démarquer du discours radical mais peu opérationnel qui a finit par nuire au rayonnement d’Attac. Son épilogue dirigé contre la domination des marchés tire trop facilement un trait sur la question de la dette, sans laquelle l’État social ne pourrait plus remplir ses missions aujourd’hui. Des critiques qui n’enlèvent rien à l’intérêt de ce livre et à sa défense très convaincante de notre modèle social.

L’État social, Christophe Ramaux. Éditions Mille et Une Nuits, collection « Essai ». 470 pages, 20 euros.

Auteur

  • Jean Mercier