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Les bonnes et mauvaises fortunes de l’UD FO du 95

Actu | Veille | publié le : 04.05.2012 | Stéphane Béchaux

Enrichie par la lutte contre le travail dominical, l’UD FO du Val-d’Oise connaît des remous internes.

Badges d’entrée, caméras de surveillance, barrière de sécurité… Situés à Saint-Ouen-l’Aumône, aux abords de l’autoroute A15, du cimetière et de la voie ferrée, les nouveaux locaux de l’union départementale Force ouvrière du Val-d’Oise ont des allures de citadelle. Voilà un an, l’UD la plus riche de France s’est installée dans ce vaste bunker de 800 mètres carrés, auparavant occupé par la Direction départementale de l’équipement. L’acquisition a coûté quelque 600 000 euros, via une société civile immobilière, dont l’union départementale a pris 59 990 parts et l’Association FO des consommateurs du Val-d’Oise, 10. Une facture qui, une fois les énormes travaux d’aménagement inclus, avoisine le million d’euros.

Un bel investissement, à la hauteur de la petite fortune de l’union départementale. En pointe de la lutte contre le travail dominical depuis quatre ans, l’organisation n’a certes pas réussi à faire entendre raison aux enseignes qui ouvraient illégalement le dimanche. Mais, à défaut, elle les a punies financièrement. Dans ses caisses sont définitivement rentrés de très gros chèques signés Conforama (700 000 euros), Leroy Merlin (600 000 euros), Alinéa (400 000 euros), Ikea (150 000 euros), Le Grand Cercle (65 000 euros) et Casa (60 000 euros). Soit près de 2 millions d’euros, investis pour moitié dans le projet immobilier et placés, pour l’autre, sur des comptes bancaires rémunérés mais sécurisés. « Rassurez-vous, on ne les a pas placés en Bourse, ce n’est pas le style de la maison », plaisante Christian Debuire, le secrétaire général. Un capital qui devrait encore augmenter une fois les contentieux en cours, suivis de main de maître par l’avocat Vincent Lecourt, définitivement jugés. L’UD devrait ainsi récupérer plus de 2 millions d’euros supplémentaires auprès de Castorama, Le Grand Cercle, Autobacs et Bricorama.

Cette manne financière fait beaucoup jaser. Car l’union départementale est en proie depuis des années à de vives tensions internes. En cause, le poids du Parti ouvrier indépendant – le POI, ex-Parti des travailleurs –, dont les militants sont extrêmement présents dans les instances de direction. « L’emprise est phénoménale, tout est verrouillé. La commission exécutive est une chambre d’enregistrement de décisions prises ailleurs », dénonce l’un de ses membres. Les dissensions se sont ouvertement exprimées le 14 mars dernier, lors du congrès extraordinaire de l’UD consacré à la révision des statuts, que présidait Michelle Biaggi, secrétaire confédérale chargée de l’organisation, en présence d’un huissier. Parmi les points âprement discutés, l’article 17 qui, dans sa version initiale, précisait que « les membres de la commission exécutive ne peuvent cumuler un mandat syndical et un mandat politique rémunéré ». Un dernier adjectif fermement combattu par les « apolitiques », métallos en tête, qui refusaient tout mélange des genres, bénévole ou non. Ceux-ci ont finalement obtenu gain de cause.

De nouvelles passes d’armes devraient avoir lieu le mois prochain. Les 20 et 21 juin, l’UD tiendra son congrès ordinaire, dans ses locaux tout neufs, où Christian Debuire laissera les rênes à son adjoint, Vincent Vilpasteur. Un cheminot du syndicat FO de la région SNCF Paris-Saint-Lazare, connu pour ses positions ultra­gauchistes. Reste à savoir qui héritera du poste ô combien sensible de trésorier. Le précédent argentier a discrètement pris la poudre d’escampette fin 2011 pour rejoindre la Bretagne. Il vient d’y ouvrir une boutique de vêtements masculins… fermée le dimanche.

Auteur

  • Stéphane Béchaux