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Montpellier, côté social

Des chantiers publics et privés à la loupe

Montpellier, côté social | Métropoles | publié le : 01.04.2012 | R.L.S.

Formation, recrutement de main-d’œuvre très spécialisée, insertion de travailleurs handicapés, embauches dans le BTP… Les initiatives de deux employeurs privés, Dell et Horiba, ainsi que les grands travaux menés par la Communauté d’agglomération.

Dell repart de plus belle

Sébastien Picouret, le responsable des ressources humaines du site montpelliérain, n’en peut plus qu’on lui rebatte les oreilles avec le plan social de 2008 qui a fait partir 110 employés. « On en a beaucoup plus parlé que de la création de 160 postes l’an dernier, regrette-t-il. La page est tournée ! » Fin de la discussion. Et la condamnation de la cour d’appel de Nîmes à verser 90 000 euros de dommages et intérêts à un délégué syndical CGT pour discrimination et harcèlement moral l’an dernier ? Pas de commentaire non plus.

Depuis son implantation à Montpellier en 1992, le premier constructeur micro-informatique du monde est devenu l’un des plus gros employeurs privés de la ville, avec 990 salariés, juste derrière Sanofi, France Télécom et le Crédit agricole. Aux abords du bâtiment, ça parle la langue de Dante, de Cervantès et même de Tolstoï… Un joyeux mélange de 26 nationalités : 300 Italiens et 100 Espagnols travaillent au siège social de l’Europe du Sud de l’entreprise.

Dans les open spaces, des ingénieurs commerciaux et des techniciens en informatique qui réparent à distance, par téléphone, les produits et solutions Dell. Ces deux métiers constituent 90 % des effectifs montpelliérains. « Le secteur est très pointu, nous avons besoin de faire venir des experts de toute la France, voire de l’Europe, avec cinq, dix ans d’expérience dans leurs bagages », indique le RRH, originaire de la région. Mais l’enseignement supérieur local fournit également de la main-d’œuvre : chaque année, l’entreprise accueille de 60 à 80 stagiaires et contrats d’alternance.

Pendant un an, Dell a formé 11 personnes handicapées au support technique en contrat de professionnalisation, en collaboration avec l’Afpa. « Nous avons besoin de compétences très spécifiques et nous n’arrivions pas à trouver de candidats dans le monde du handicap ; nous avons donc créé cette formule », se félicite Sébastien Picouret. Parmi la première promotion, sortie en février 2012, cinq personnes ont été recrutées après avoir obtenu ce diplôme qualifiant. « Nous envisageons de dupliquer cette année de professionnalisation pour la vente en lançant une deuxième promotion, peut-être en 2012 ou 2013 », avance le RRH.

Télétravail et e-learning

Autre chantier en cours, le télé­travail, à raison d’un à cinq jours par semaine, réservé à environ 250 membres du personnel : les formateurs, gestionnaires de projet, membres des services financiers ou marketing… « Contrairement aux techniciens, leur activité ne leur demande pas nécessairement d’être présents. La technologie ne nous permet pas encore d’installer des mini centres d’appels à domicile », justifie Sébastien Picouret.

Dans un domaine où les innovations se périment plus vite que partout ailleurs, les métiers sont très gourmands en formation.

Une chance, « le secteur est particulièrement propice à l’e-learning, se réjouit Sébastien Picouret. Près des deux tiers des nouvelles compétences sont acquises via des formations en ligne ».

Horiba, la force médicale tranquille

La filiale santé du groupe japonais Horiba, acteur mondial majeur sur le marché des instruments d’analyse, s’est implantée en 1983 à Montpellier. En trente ans, ses effectifs se sont multipliés par dix. Aujourd’hui, 580 personnes travaillent au siège social d’Horiba, groupe qui, en 2011, a pesé 140 millions d’euros de chiffre d’affaires. C’est avant tout l’attractivité du pôle médical Euromédecine qui l’a convaincu de développer ses activités de conception et de commercialisation d’automates d’analyses de sang à Montpellier. En 2011 et 2012, les besoins de main-d’œuvre concernent surtout la recherche-développement pour les nouveaux projets et la maintenance des produits existants. Même si Montpellier abrite une prestigieuse faculté de médecine, « nous recrutons dans les régions. Nous sommes sur un marché de niche, nous ne trouvons pas toutes les pointures localement », indique Caroline Dars-Denise, DRH du site montpelliérain. En tout, une quinzaine de nationalités y collaborent.

Premier grand projet RH pour cette année : la valorisation de l’expertise. « Nous souhaitons combattre l’idée qu’on ne peut évoluer que si l’on devient manager et montrer que deux voies d’excellence sont possibles », affirme la DRH. Déjà, l’an dernier, le taux de promotions internes a atteint 20 %, alors que l’accord prévoit seulement un minimum de 5 %. Autre chantier particulièrement cher à Caroline Dars-Denise : le renouvellement de l’accord sur l’égalité professionnelle. Le taux de féminisation du site atteint 30 % : « Les métiers sont extrêmement techniques et, malheureusement, à la sortie des écoles, il y a très peu de femmes », justifie la DRH. En revanche, à poste équivalent, les salaires des hommes et des femmes sont identiques, selon elle. Caroline Dars-Denise revendique uniquement des temps partiels choisis, destinés à favoriser l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle, ainsi que l’ouverture d’une crèche d’entreprise. Le site, où la moyenne d’âge est de 41 ans, compte seulement un ou deux départs à la retraite par an. Pour autant, l’entreprise anticipe en préparant la fin de carrière des seniors. En 2012, le tutorat va être mis en place pour la première fois.

Mis à part la formation à la gestion du stress et du temps de travail, qui a été proposée à l’ensemble du personnel l’an dernier, la plupart des modules sont très ciblés, en fonction des besoins individuels des chercheurs ultraspécialisés. En tout, le budget consacré à la formation représente 2,3 % de la masse salariale. Plus du tiers du personnel a déjà un niveau d’études égal ou supérieur à bac + 4 ou + 5.

Les grands travaux de l’agglomération

Pas facile de passer après Georges Frêche (PS) et ses ambitions infinies pour la ville. Antigone, le Millénaire, le Corum, Odysseum, les deux premières lignes de tramway… Le Montpellier moderne et dynamique doit tout, ou presque, à l’ancien maire et président de la Communauté d’agglomération de 2001 jusqu’à sa mort, en 2010. Il reste tout de même quelques chantiers à poursuivre pour son successeur à la tête de l’intercommunalité, le socialiste Jean-Pierre Moure. « Dans un contexte de crise économique et sociale, un des ressorts premiers pour conjurer ses effets est d’avoir la juste ambition d’entreprendre », affirme-t-il. Tout d’abord, le dédoublement de l’autoroute A9, la ligne à grande vitesse et la nouvelle gare SNCF, pour lesquels Montpellier Agglomération investit 3 milliards d’euros en tout. Des travaux qui draineraient entre 8 000 et 9 000 emplois par an.

« L’agglomération de Montpellier va devenir non plus un carrefour, mais une place forte du Sud, à condition de muscler le territoire en emplois », annonce Jean-Pierre Moure. Pour ce faire, il compte aussi sur le développement du tramway. Les lignes 3 et 4 devraient être mises en service le 7 avril, et l’agglomération a déboursé 1 milliard d’euros pour la future ligne 6. Une ligne 7 est déjà dans les tuyaux… « 3 000 personnes par an ont travaillé à la construction de la première ligne de tram, puis une ligne a été ajoutée tous les quatre ans », indique Jean-Pierre Moure. Sachant qu’il faut entre deux ans et deux ans et demi pour venir à bout d’une ligne, cela fait quinze ans que le tram joue le rôle de locomotive de l’emploi dans le BTP.

Un cercle RH au plus près du terrain

Nos adhérents sont plutôt des PME avec des profils RH assez polyvalents. Ce sont des responsables de terrain, opérationnels », explique Stéphane Gigou, président de l’ANDRH Languedoc-Roussillon, la plus importante association dans le domaine des ressources humaines à Montpellier, et sans doute la seule active. Avec une centaine d’adhérents, elle défend une fonction qui est bien souvent le parent pauvre de l’entreprise, dans un secteur privé localement dominé par des structures de petite taille. Quand Stéphane Gigou, directeur des ressources humaines de Vinci Construction Languedoc-Roussillon, a repris la présidence de l’association il y a quatre ans, le nombre d’adhérents ne dépassait pas quarante. Aux DRH et RRH se sont joints des responsables juridiques et des responsables de formation, mais aussi, au titre de membres associés, des avocats et des cabinets conseil. Ils se réunissent chaque mois pour échanger sur les thématiques du moment. Au programme, la génération Y, le plan seniors, la réforme de la médecine du travail, les prud’hommes, la GPEC, les réseaux sociaux… « Nous recevons régulièrement des intervenants de Pôle emploi, de la Carsat, de l’Inspection du travail, des responsables syndicaux… Il nous arrive aussi de nous rendre dans une entreprise pour étudier ses pratiques RH, par exemple sur l’égalité hommes-femmes », indique Stéphane Gigou. L’association a noué un partenariat avec le cabinet Fidal pour organiser chaque année quatre petits déjeuners sur des questions juridiques. Ainsi que des partenariats avec les trois universités montpelliéraines pour intervenir dans des manifestations dédiées à l’emploi et au recrutement. D’autres cercles de responsables de ressources humaines ont vu le jour à Montpellier, mais tous sont l’émanation d’une institution ou d’une fédération. Il existe ainsi un club RH animé par l’Association régionale des industries agroalimentaires du Languedoc-Roussillon et un réseau de DRH des grandes collectivités du Languedoc-Roussillon, mis en place par le Centre national de la fonction publique territoriale. La Carsat du Languedoc-Roussillon anime deux clubs regroupant des cadres RH ou sécurité pour améliorer la prévention des risques. Sur la responsabilité sociale des entreprises, Face Hérault est devenue une référence, avec 180 adhérents, parmi lesquels Dell, La Poste, EDF et Sanofi. S.F.

Auteur

  • R.L.S.