logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le journal des ressources humaines

Imposer une formation a un effet nul

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.04.2012 | Mariette Kammerer

Philippe Méhaut, directeur de recherche au CNRS au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail d’Aix-en-Provence, réagit aux pistes de la mission Larcher sur la formation des chômeurs.

Vue pensez-vous de l’objectif de former 40 % des chômeursau lieu de 10 %?

Avant de fixer un objectif quantitatif, il faudrait réaliser un diagnostic approfondi de la situation. Savoir pourquoi si peu de chômeurs sont formés, s’il s’agit d’un problème d’accès, de calendrier, d’offre de formation, de motivation ou d’obstacles matériels. Car ce n’est pas qu’un problème de budget. Présenter la formation comme solution miracle au chômage est aussi très discutable. Il existe peu de données sur son efficacité réelle. Le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie va engager une évaluation avec les régions sur la question. Toutes les études montrent par ailleurs qu’imposer une formation, comme souhaite le faire Nicolas Sarkozy avec les demandeurs d’emploi, rend faible ou nul l’effet de la formation.

Doit-on « territorialiser » davantage la formation ?

Définir les besoins de formation au plus près du terrain est pertinent, mais cela entre en contradiction avec l’organisation des Opca, qui fonctionnent par branches professionnelles. Avancer sur cette question de gouvernance, d’articulation entre territoire et branches professionnelles, est indispensable, sans oublier de clarifier les rôles de chacun : État, Régions, Pôle emploi, Opca.

Faut-il « redéployer » les fonds de la formation au profit des demandeurs d’emploi ?

Prendre de l’argent des Opca pour former les chômeurs se fait déjà. Il est nécessaire de regarder quel en sera l’impact sur les autres publics. Il faut aussi former les gens avant la case chômage, mieux articuler le préventif et le curatif. Nous avons encore trop de salariés qui passent trente ans au même poste sans suivre une seule formation. Le choix de diminuer encore les sommes disponibles pour les salariés est discutable. Si on le fait, pourquoi ne pas puiser aussi dans les fonds de formation de la fonction publique, qui utilise beaucoup de CDD et de vacataires La situation de milliers de jeunes qui sortent sans diplôme du système scolaire doit également être intégrée à la réflexion.

Auteur

  • Mariette Kammerer