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Enquête

Pas touche à nos acquis sociaux !

Enquête | publié le : 01.04.2012 | Jean-Paul Coulange

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Êtes-vous attaché ou pas au modèle social français ?…

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Dans le sondage réalisé par Harris Interactive en exclusivité pour Liaisons sociales magazine, les Français défendent leur modèle social, qu’ils ne jugent pas trop généreux, quoi qu’on en dise.? Le système d’assurance maladie est particulièrement plébiscité.

Presque un plébiscite ! Plus de huit Français sur dix manifestent leur attachement au modèle social en vigueur dans l’Hexagone, selon le sondage réalisé en exclusivité par Harris Interactive pour Liaisons sociales magazine (voir méthodologie page 26). Un sentiment quasi unanime chez les sympathisants de gauche (93 % s’y déclarent attachés). Mais il n’en reste pas moins qu’il est partagé par 87 % des sympathisants de l’UMP et 84 % des supporters de Nicolas Sarkozy. Plus distant, un petit quart des partisans déclarés du Front national ne manifeste pas d’empathie pour ce qu’on appelle communément les acquis sociaux.

Autre message fort de ce sondage : en dépit d’un discours ambiant catastrophiste, sur fond de crise des dettes souveraines et d’endettement public record, un gros tiers seulement des 1 948 personnes interrogées considère que notre modèle social constitue « un frein à la compétitivité de la France », autrement dit un fardeau pour le pays, comme le soutient le président sortant et, au-delà, le monde patronal. Avec un net clivage entre les hauts et les bas revenus. Alors que 45 % des personnes interrogées déclarant plus de 5 000 euros mensuels considèrent le modèle social français comme un handicap, elles ne sont que 27 % chez celles gagnant moins de 1 200 euros. L’écart générationnel joue également : 42 % des plus de 65 ans voient dans notre système de protection sociale un frein à la compétitivité, contre 33 % des 25-34 ans. Reste que le contraste le plus net se situe entre les sympathisants de droite (pour 55 % d’entre eux le modèle social est un frein) et ceux de gauche (seulement 15 %). A contrario, nos concitoyens admettent à une écrasante majorité cette forme d’exception française, puisque 90 % estiment que ce modèle social distingue la France des autres pays et 90 % que ce régime de protection sociale, meilleur que ceux des autres pays, constitue une chance. Pour 86 % d’entre eux, c’est une composante importante de notre identité nationale, sentiment partagé par 92 % des sympathisants de gauche, 86 % des sympathisants de droite ou encore 85 % des supporters du Front de gauche et 81 % de ceux du Front national !

L’assurance maladie en premier.

Toute la question est de savoir, ce qui est rarement questionné dans les enquêtes d’opinion, ce que les Français entendent par « modèle social ». La réponse est sans ambiguïté : c’est en premier lieu notre système d’assurance maladie, jugé « très important » par près des trois quarts des personnes interrogées, loin devant le smic (très important pour 51 %), l’assurance chômage (44 %), les services publics (39 %) et, enfin, les 35 heures (très importantes pour moins d’un quart des Français). Sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, proximité politique, rien n’y fait. Le système de santé est jugé important par… 95 à 100 % des répondants. Mais le sondage de Harris Interactive révèle d’autres surprises, comme l’attachement des Français au Code du travail, que l’on n’imaginait pas aussi populaire. Au pis, il recueille 11 % d’indifférents parmi les Français gagnant plus de 5 000 euros et les sympathisants de droite. Quant au système de retraite par répartition, moins de dix-huit mois après la dernière réforme en date, il est jugé important par neuf Français sur dix. Finalement, une moitié des Français semble prôner le statu quo, en estimant les garanties apportées par notre modèle social ni trop ni pas assez importantes. Un quart d’entre eux (et un gros tiers des sympathisants de gauche) sont même partisans de les améliorer, et seulement 22 % (un tiers des sympathisants de droite et 43 % de ceux du Front national) de les réduire, ce qui constitue une forme d’avertissement pour les candidats à l’élection présidentielle. Statu quo souhaité, également, sur le régime d’assurance chômage, hormis pour le contrôle effectif de la recherche d’emploi, dont près de trois quarts des personnes interrogées prônent le renforcement. Concernant la fameuse règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, 6 Français sur 10 veulent sa suppression, près d’un quart seulement son maintien. Avec, encore une fois, un net clivage entre les sympathisants de gauche (88 % sont pour son abrogation ) et de droite (23 %).

Dernier sujet abordé, les accords compétitivité-emploi proposésaux partenaires sociaux par Nicolas Sarkozy recueillent un succès très mitigé. Les trois quarts des Français (et 82 % de ceux gagnant moins de 1 200 euros net mensuels) refuseraient de réduire leur salaire à durée du travail constante, en cas de difficulté de leur entreprise. Une courte majorité (mais 68 % des 18-24 ans et 69 % des salariés gagnant entre 3 500 et 5 000 euros mensuels) accepterait de travailler plus en gagnant autant.

Parmi les différents candidats à l’élection présidentielle, les Français interrogés font, à une courte tête (28 % contre 24 %) davantage confiance à François Hollande qu’à Nicolas Sarkozy pour préserver notre modèle social. Ainsi, 62 % des sympathisants de gauche font confiance à François Hollande pour préserver notre modèle social, contre 1 % à Nicolas Sarkozy. Chez les sympathisants de droite, 72 % citent leur champion, et 6 % François Hollande. Mais, au vu de ce sondage, une évidence s’impose : réformer le système social hérité de l’après-guerre ne sera pas une mince affaire, tant les Français sont viscéralement attachés à leurs acquis.

MÉTHODOLOGIE

Sondage réalisé en ligne du 13 au 16 mars 2012 auprès de 1948 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, à partir de l’access panel Harris Interactive.

Note

Le sondage ayant été réalisé avant la publication de la liste officielle des candidats à l’élection présidentielle, les noms de Dominique de Villepin et de Corinne Lepage ont été proposés aux personnes interrogées.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange