L’hiver ne réussit décidément pas au géant suédois de l’ameublement. Voilà deux ans, Ikea connaissait, en France, un mouvement inédit de grève portant sur les salaires. Et, cette année, il doit faire face à de graves soupçons de pratiques de fichage à grande échelle de ses salariés et clients.

Un climat social extrêmement tendu qui profite au très contestataire syndicat Force ouvrière, pesant actuellement 23 % dans les 29 points de vente hexagonaux. « L’entreprise prône l’humilité, le droit à l’erreur, le bon sens. Mais c’est une vitrine car, derrière, la mécanique n’est pas celle-là. En matière de relations sociales ou de conditions de travail, Ikea n’a rien d’exemplaire. Les salariés s’en rendent compte », affirme Dominique Nikonoff, délégué syndical central adjoint de FO.

À 28 ans, ce vendeur de cuisines affecté à Franconville (Val-d’Oise) fait partie des jeunes poils à gratter de l’enseigne. Pourfendeur du travail du dimanche – FO a fait lourdement condamner son magasin pour ses ouvertures dominicales –, le militant a activement participé, en 2010, à l’occupation du siège lors du conflit salarial. Depuis, il est de tous les combats dans l’Hexagone. Mais aussi à l’étranger. Membre du comité d’entreprise européen, il s’est envolé, début mars, pour Istanbul. Histoire d’œuvrer, sous l’égide d’UNI Commerce, à la création d’une alliance mondiale des syndicats représentés dans les 41 pays d’implantation du groupe. « Plus on s’éloigne de la Suède, plus les valeurs d’Ikea se perdent », dénonce l’intéressé, bien décidé à prendre sa part dans l’élaboration d’une charte mondiale des droits sociaux.

Délégué syndical central adjoint de FO chez Ikea.