La guerre est-elle déclarée entre les instituts d’analyse économique ? En janvier, COE-Rexecode, organisme proche du patronat, publie une étude comparative sur la durée du travail en Europe. Divulguée juste avant le sommet social convoqué par Nicolas Sarkozy à l’Élysée, cette étude conclut à la détérioration de la compétitivité française en raison de la mise en place des 35 heures et de l’insuffisance du nombre d’heures travaillées en France. Elle justifie par ailleurs la nécessité d’accords compétitivité-emploi pour « libérer la durée du travail ». L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) vient de publier une réponse à COE-Rexecode. En reprenant les mêmes données statistiques, l’OFCE arrive à des conclusions diamétralement opposées. Selon lui, la rupture à la baisse de la durée du travail en France en 2003, attribuée par COE-Rexecode à la généralisation des 35 heures, peut s’expliquer aussi par les changements méthodologiques opérés cette année-là par l’Insee sur l’enquête emploi, rendant difficiles les comparaisons avec les données antérieures. L’OFCE relève également qu’au cours de la décennie passée les créations d’emplois ont été plus dynamiques en France (+ 14 %) qu’en Allemagne (+ 8 %). La baisse de la durée du travail n’a donc pas manqué son objectif de créations d’emplois. En limitant la création d’emplois à temps partiel, « la France a évité une dérive du sous-emploi et de la précarité », relève l’OFCE. Enfin, entre 1999 et 2010, la croissance du PIB a été plus dynamique en France (16,1 %) qu’en Allemagne (13,1 %). Le PIB par tête a plus progressé en France qu’en Allemagne durant la période 1999-2004, alors même que la réduction du temps de travail y était plus importante.
783 000 emplois marchands seraient créés en France entre 2011 et 2016, selon les prévisions du Conseil d’analyse stratégique (CAS). Les services opérationnels aux entreprises (sécurité, nettoyage, location) ou technologiques (conseil et assistance, R & D), les services aux personnes, la construction et la distribution seront les principaux gisements d’emplois. Des secteurs industriels, plus exposés à la concurrence internationale, vont en revanche souffrir et perdre des emplois. Certains sont en déclin : c’est le cas de l’habillement-textile et de l’équipement du foyer. D’autres, comme l’automobile, le bois-papier ou la chimie, sont en difficulté car aux prises avec un renouvellement technologique rapide. Pouraider ces secteurs, le CAS plaide pour une gestion territoriale de l’emploi via les pôles de compétitivité, un soutien public à la R&D et un accroissement des aides à l’exportation.
L’OCDE vient de publier une étude comparative sur l’efficacité des systèmes sociofiscaux (prestations et impôts) en matière de réduction des inégalités de revenus. Si les pays nordiques conservent la palme des pays les moins inégalitaires, le niveau d’inégalités en France y apparaît inférieur à celui de l’Allemagne, notamment. Au-delà, l’étude conclut qu’il est possible de réduire les inégalités tout en stimulant la croissance. Pour y parvenir, l’OCDE suggère plusieurs pistes de réformes : supprimer les niches fiscales et réduire les taux marginaux d’imposition, adapter les prestations sociales pour éviter de porter préjudice aux nombres d’heures travaillées et aux niveaux de revenus. En revanche, taxer davantage la consommation plutôtquelesrevenus (l’équivalent d’une TVA sociale) améliorerait l’incitation à travailler et à investir, mais renforcerait les inégalités, indique l’OCDE.
