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Le journal des ressources humaines

Service civique : bilan très mitigé

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.03.2012 | Sabine Germain

Près de 15 000 jeunes ont effectué une « mission d’intérêt général » au titre du service civique. Une façon de diversifier leurs expériences qui ne facilite pourtant pas leur entrée dans la vie active.

Fin janvier, le Groupe Casino braquait les projecteurs sur le service civique et la charte de valorisation dont il est l’un des premiers signataires. Depuis un an, une dizaine d’entreprises (EDF, Axa, Malakoff Médéric, GMF, Orange, IBM…) ont suivile distributeur stéphanois dans la valorisation de ce nouveau contrat de travail, imaginé par l’ancien président d’Emmaüs, Martin Hirsch, qui préside l’Agence du service civique depuis 2010.

Le dispositif est destiné aux jeunes de 16 à 25 ans désireux de s’engager dans une mission d’intérêt général (dans le secteur public, associatif ou humanitaire) pendant six à douze mois. Ils travaillent au moins vingt-quatre heures par semaine et perçoivent une indemnité légè­rement supérieure à 500 euros par mois, dont 442 euros net versés par l’État.

Depuis sa création, en mars 2010, il a attiré plus de 14 500 jeunes séduits par des missions perçues comme enrichissantes, financièrement plus intéressantes qu’un stage mais, finalement, tout aussi difficiles à valoriser : « Dans la galaxie des contrats de travail, le ­service civique est encore un ovni, méconnu des employeurs et des administrations », regrette Adrien Chauvet, qui a effectué une mission de neuf mois au sein de l’association Les Petits Débrouillards Bretagne. Titulaire d’une licence en gestion des espaces naturels, il n’a pas trouvé de travail à l’issue de son contrat, il y a six mois : « Je suis au chômage, non indemnisé car le servicecivique n’ouvre pas droit aux Assedic. Je suis dans une situation précaireetleservice civique n’y change rien. » Avec un taux dechômagedes jeunes à 24,2 % et alors que la moitié des moins de 25 ans en emploi sont en contrat précaire, le service civique apparaît comme un sas de plus vers le monde du travail.

Un rapport parlementaire de novembre 2011 pointe aussi les « insuffisances, difficultés ou dérives » dans sa mise en œuvre. La mixité sociale attendue n’est pas au rendez-vous : la population concernée est encore trop féminine, diplômée et urbaine. Plus grave : par manque de contrôles, le service civique peut se substituer à de « vrais » emplois. Enfin, son pilotage est perçu comme « opaque et centralisé ».

L’Agence du service civique n’en reste pas moins confiante : elle confirme son objectif de voir passer 10 % d’une classe d’âge, soit 75 000 jeunes par an, à partir de 2014. Si le chômage des jeunes ne baisse pas, elle a toutes les chances de l’atteindre…

Auteur

  • Sabine Germain