Le mot restructuration a des connotations fortement négatives dans le domaine social. Presque toujours synonyme de licenciements ou de suppressions de postes, de délocalisations ou de désertification industrielle, d’économies de coûts sans forcément de ligne stratégique claire, c’est un épisode dans la vie des entreprises qui rappelle trop de mauvais souvenirs dans l’inconscient collectif des salariés et de leurs représentants syndicaux. Pourtant, nous disent Rachel Beaujolin-Bellet et Géraldine Schmidt, toutes les restructurations ne se valent pas. Si l’on se place dans une perspective historique, le fait marquant des deux dernières décennies est le développement de ce que les deux chercheuses appellent les « restructurations de compétitivité ». Au fil du temps, les obligations légales et les dispositifs de reclassement se sont beaucoup complexifiés. Ce qui ressort de l’analyse, c’est surtout l’hétérogénéité des plans de suppressions d’emplois accompagnant les restructurations, et la crise de la régulation sociale, incapable d’assurer une vraie protection aux salariés concernés et ? extrêmement pénalisante, du fait de sa lourdeur, pour l’employeur. La dernière partie vise à définir de « bonnes pratiques ». Les deux chercheuses regrettent que les évaluations complètes et précises des opérations de restructuration restent « rares et compliquées ». En conclusion, elles se demandent comment « repenser la régulation sociale entre les recours à la loi, à la négociation et au contrat ». Tout en reconnaissant que la réconciliation entre le souci d’équité et celui de légitimité, vers laquelle devrait tendre toute opération de restructuration, reste un idéal difficilement accessible aujourd’hui.

Les Restructurations d’entreprises, Rachel Beaujolin-Bellet et Géraldine Schmidt. Éditions La Découverte, collection « Repères ». 128 pages, 10 euros.