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Les nouveaux prestataires du Web

Dossier | publié le : 01.06.2000 | S. P.

Proposant une offre globale de services, une dizaine de sociétés dédiées à Internet ont vu le jour au début des années 90, prenant de court les géants du conseil. Pour l'instant.

Internet est une manne que les sociétés de conseil n'entendent pas laisser passer. « Les grandes entreprises comme les start-up souhaitent toutes développer des services de vente en ligne pour leurs clients et acheter à leurs fournisseurs par Internet, explique Bertrand Frey, vice-président de Fi System, une agence de conseil spécialisée. Reste que la concurrence est impitoyable : on est passé de 120 à 500 sites marchands en deux ans. » Il faut donc faire vite. Et, pour prendre le bon train, les entreprises cherchent tout à la fois du conseil en stratégie et processus, des idées originales, une expertise pointue en informatique et des solutions pour créer du trafic sur leur site, tout ça en l'espace de trois à six mois.

L'urgence rend difficile les interventions successives de plusieurs spécialistes : consultants en management, en informatique ou en communication. Et, même si certains essaient de s'implanter sur le marché des services Internet dont ils perçoivent l'immense potentiel, très peu abordent toutes ses dimensions. « Leur approche d'Internet est trop marquée par leur métier d'origine, souligne Stéphane Guiran, l'un des fondateurs d'Himalaya, une agence spécialisée dans le commerce électronique. Résultat, ils n'intègrent pas toutes les compétences nécessaires. » Sans compter que leur organisation très structurée est souvent un frein à la réactivité nécessaire dans ce domaine.

Des structures très réactives

C'est sur ce terrain que les nouveaux acteurs, qu'ils se nomment architectes, webagencies ou conseil en e-business, veulent faire entendre leur différence. Ex-SSII, comme Valtech, Fi System ou SQLI, ou cabinets spécialisés dans le marketing opérationnel, à l'instar d'Himalaya ou de Business Interactif, ces agences ont vu le jour pour la plupart au début des années 90. Mais c'est vers le milieu de la décennie qu'elles ont transformé progressivement leurs activités pour devenir des prestataires de services Internet. « Notre objectif est de proposer une offre globale, dans des délais serrés », explique Jean-Yves Hardy, chief executive officer chez Valtech. Même si le métier premier de l'entreprise imprime sa marque. « Chez Valtech, nous sommes surtout axés sur la stratégie e-business et les aspects technologiques, moins sur la communication et le marketing », reconnaît Jean-Yves Hardy. Himalaya, de son côté, est plus orientée vers ces deux derniers aspects. Pour combler leurs lacunes et élargir leur offre, les sociétés de conseil spécialisées dans le Net procèdent par acquisitions ou créations de filiales. Fi System étend ainsi peu à peu ses services à la publicité, aux relations avec la presse, au conseil aux médias, aux call centres. « Aucun grand compte ne souhaite faire appel à une seule et même société pour tous ses achats de services », précise cependant un concurrent de Fi System.

Jusqu'à présent, les spécialistes en stratégie Internet ont conservé une taille et adopté une culture qui leur permettent d'être très réactifs. Ils se targuent de faire travailler ensemble, sans problème, des consultants en organisation, des ingénieurs développeurs, des webdesigners ou des spécialistes de la communication. Un mélange d'autant plus facile que les salariés ont en moyenne moins de 30 ans. « Ils ne sont pas figés dans des schémas d'organisation traditionnels », souligne un responsable d'agence.

La menace de la concurrence étrangère

« Tout est possible, assure Frédéric Perrin, consultant à la division stratégie de Fi System depuis trois mois. Je peux développer mes compétences en démarchant les clients avec les équipes commerciales. C'était impensable dans les cabinets traditionnels pour lesquels j'ai travaillé auparavant. Cette mission est strictement dévolue aux associés. Je peux également rédiger des ouvrages sur mon domaine de connaissances ou animer des séminaires. » Les collaborateurs accèdent plus rapidement à des responsabilités d'encadrement.

Mais ces nouveaux acteurs voient se profiler la menace de la concurrence étrangère. L'américain Proxicom et le suédois Framfab ont déjà annoncé leur arrivée en France l'été prochain. Du coup, les agences spécialisées sont contraintes de renforcer leurs équipes, l'objectif consistant à s'imposer non seulement en France, mais également en Europe. Valtech (450 collaborateurs dans le monde) recherche 130 personnes cette année ; SQLI (300 salariés), une centaine. Toutes ces nouvelles recrues ne seront pas assurées de recevoir des stock-options. Elles obligent en tout cas les sociétés à se doter d'une véritable politique de ressources humaines. « Entre 20 et 25 personnes coordonnent les salariés de l'entreprise autour des différents projets », explique Jacques Benamore, DRH de Fi System. Les collaborateurs travaillant la plupart du temps chez les clients, une telle organisation s'appuie souvent sur un partage des connaissances, comme chez Cap Gemini ou Andersen Consulting. « Tous les trimestres, nous recevons les salariés en entretien, ajoute Jean-Louis Onnis, DRH de SQLI. Ces informations ainsi que les projets en cours et plus généralement ce qui a trait à la vie de l'entreprise sont consignés sur un intranet consultable par nos 300 collaborateurs. »

Des plans de formation sont établis pour mettre constamment à jour les connaissances des uns et des autres. Les évolutions de carrière commencent à se formaliser. Bref, les professionnels du conseil en commerce électronique se rapprochent d'un fonctionnement de société de conseil traditionnelle. Au risque de tuer rapidement l'esprit start-up.

Auteur

  • S. P.