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Idées

Des classes pas si moyennes

Idées | LIVRES | publié le : 01.02.2012 | Jean Mercier

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Des classes pas si moyennes

Crédit photo Jean Mercier

À chaque élection, on le répète comme une ritournelle : les classes moyennes feront la décision. Dans leur percutant essai, Dominique Goux et Éric Maurin montrent que ce sentiment n’aura jamais été aussi vrai qu’en 2012. Mais ils arrivent également à la conclusion que le rôle de ces fameuses classes moyennes ne sera probablement pas celui que l’on s’attend à les voir tenir. « Artisans, commerçants, techniciens, professeurs des écoles, cadres B de la fonction publique, représentants de commerce : ce large éventail de catégories intermédiaires représente aujourd’hui 30 % de la structure sociale », soulignent-ils, contre le quart au début des années 80. Or, sous cette définition, les classes moyennes n’ont jamais été aussi dynamiques et fortes qu’aujourd’hui. En trente ans, elles ont maintenu globalement leur rang dans la hiérarchie salariale ou dans celle des patrimoines. Ainsi des classes moyennes d’entreprises qui se sentent les plus menacées par la montée du chômage, mais qui, objectivement, « le sont moins que les classes modestes et à peine plus que les classes supérieures du salariat », rappellent les deux sociologues. Cette obsession du déclassement de la part de ces « Français moyens » ne résiste pas à l’examen, affirment encore Goux et Maurin. « Objectivement, le flux dominant de notre société reste un courant ascendant » et les classes moyennes, particulièrement celles du privé, « sont au centre d’un processus par lequel la société se régénère et se transforme en permanence ». C’est donc un groupe social aux caractéristiques assez éloignées de celles qu’on lui prête généralement. Le ralentissement qui a frappé notre économie depuis les années 80 l’a plutôt moins affecté que les classes populaires. Tout au long de ces années, le taux de chômage des salariés intermédiaires est resté deux à trois fois plus faible que celui des ouvriers. Dominique Goux et Éric Maurin en concluent que le déclassement au fil des générations s’avère plutôt en recul depuis les années 80. Ce qui frappe même dans ce tableau des « nouvelles classes moyennes », c’est leur dynamisme et, pour employer un mot à la mode, leur résilience. Pour elles, la menace vient surtout des politiques fiscales ou des transferts sociaux, qui, à vouloir trop privilégier les classes populaires, tirent vers ces dernières les catégories intermédiaires. Et la gauche va au-devant de cruelles désillusions si elle n’en tient pas compte, estiment les deux auteurs.

Les Nouvelles Classes moyennes, Dominique Goux et Éric Maurin. Éditions Seuil, collection « La République des idées ». 120 pages, 11,50 euros.

Auteur

  • Jean Mercier