logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

De la dramaturgie des sommets…

Idées | BLOC-NOTES | publié le : 01.02.2012 | Michel Yahiel

UNE AFFAIRE DE MUSCLES

La crise, comme c’est le cas à l’échelle européenne, suscite nécessairement une dramaturgie des sommets, financiers, et donc maintenant sociaux. Il est au demeurant parfaitement compréhensible que la réunion des partenaires sociaux constitue une sorte de marqueur, pour le pouvoir de sa volonté d’agir face à l’adversité, pour les organisations professionnelles de faire valoir leurs vues et, à tout le moins, de ne pas s’en laisser compter. Affaire de muscles, en somme.

La véritable question est ailleurs : comment faire de ces enceintes un authentique levier de dialogue social en laissant tous les sujets ouverts si l’on ne veut pas donner le sentiment de ne pas avoir de vision en amont. Ou, à l’opposé, comment accréditer l’idée que l’on veut négocier si, d’emblée, tout est bouclé et les solutions annoncées ?

La réponse se situe probablement dans la gestion du temps. Si, en période normale, ces échanges étaient réguliers et nourris, il est clair que, par gros temps, les réflexes seraient pris et le dialogue plus spontané. Dès lors que se rencontrent un contexte exceptionnellement dégradé et des pratiques sociales pour le moins hésitantes, des deux côtés, on ne peut s’attendre qu’à des mesures insuffisantes au regard des enjeux, ou, à l’inverse, à des étincelles politiques…

DES QUERELLES BIEN FRANÇAISES

Le débat relatif au quotient familial a réveillé de vieilles querelles typiquement françaises. La politique familiale peut-elle trouver un équilibre interne entre redistribution horizontale et distribution verticale sans sombrer dans la caricature ? Autrement dit, peut-on renoncer à aider les familles aisées au motif qu’elles ont des ressources suffisantes sans risquer de mettre à mal les grands équilibres ? Ou s’en remettre simplement à la progressivité de l’impôt sur le revenu ? À la vérité, le sujet (tout comme celui de la mise sous conditions de ressources des allocations fa­miliales, encore dans toutes les mémoires) est bien malaisé à trancher en se tenant à l’écart detoutdogmatisme. Pourtant, on se risquera à observer qu’une question de « doctrine sociale » se trouvetoutdemême éclairée sous un jour nouveau quand les déficits publics atteignent de tels sommets. En termes d’arbitrage, il serait ainsi plus fondé de revoir les règles du quotient familial et de consacrer notre énergie à une prise en charge décente de la dépendance, sujet qui constitue, pour le coup, un défi bien plus important aujourd’hui pour nombre de familles françaises.

UNE SORTIE PRÉMATURÉE

Un dernier mot sur la santé. L’annonce récente que l’Assurance maladie allait promouvoir la sortie des jeunes mères de l’ hôpital ou de la clinique deux jours après leur accouchement semble, curieusement, n’avoir causé que bien peu de réactions. On est impatient de disposer d’une étude médico-économique sérieuse tant il est clair que cette nouvelle approche va se traduire par un fort déport sur les dépenses de ville. Quant à la qualité de prise en charge de la mère et de l’enfant, on laissera aux scientifiques le soin d’en juger, en permettant toutefois au simple citoyen de manifester l’ombre d’un doute…

Auteur

  • Michel Yahiel