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Feu l’immigration choisie

Actu | Les dossiers de la présidentielle 20126. IMMIGRATION | publié le : 01.02.2012 | Anne-Cécile Geoffroy

Attirer les talents n’est plus d’actualité : à l’approche de la présidentielle, crise aidant, le gouvernement met un frein à l’immigration professionnelle.

Au lendemain de l’élection présidentielle de 2007, un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, confié au fidèle Brice Hortefeux, voit le jour. Il doit mettre en musique l’antienne présidentielle qui vante alors l’immigration « choisie » plutôt que l’immigration « subie ». Il s’agit d’attirer les talents étrangers et de limiter le regroupement familial. Brice Hortefeux doit faire en sorte que l’immigration économique représente 50 % du flux total des entrées, au lieu de 6%. Le gouvernement publie une liste des 30 métiers ouverts aux ressortissants des pays tiers (hors UE), avec des variantes régionales, et crée une nouvelle carte de séjour, « compé­tences et talents », valable trois ans et renouvelable une fois. Celle-ci doit permettre de trier sur le volet « 2000  immigrés qualifiés par an ».

Résultat, les flux migratoires liés au travail ont représenté 10 % des arrivées en 2009. Contrairement au Canada avec son système à points, la France ne s’est jamais dotée d’outils efficaces pour favoriser l’immigration qualifiée. La crise est passée par là. Une bonne excuse pour Claude Guéant, désormais chargé de l’Immigration, de se détourner de l’objectif initial, épaulé par le ministre du Travail, Xavier Bertrand, qui souhaite « développer la formation professionnelle » pour former la main-d’œuvre manquante plutôt que de recourir à l’immigration. Prétextant le fort taux de chômage des immigrés présents en France, Claude Guéant « réfute l’idée que l’immigration professionnelle est un besoin vital ». Son nouvel objectif : réduire de 10% les entrées légales. La liste des 30 métiers est réduite à 15. Surtout, le ministre s’en prend aux étudiants étrangers accusés de venir gonfler les rangs des chômeurs.

Le 31 mai dernier, une circulaire met le feu aux poudres en limitant la possibilité pour les jeunes diplômés (6 192 en 2011) de transformer leur visa d’études en visa de travail. Entreprises, étudiants, grandes écoles et universités se mobilisent et parviennent à faire fléchir Claude Guéant, obligé de réécrire sa circulaire. Mais le mal est fait et l’attractivité de la France très écornée. La raison politique a pris le pas sur la rationalité économique en matière d’immigration professionnelle.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy