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Idées

La confiance, ressource rare

Idées | Livres | publié le : 01.01.2012 | Jean Mercier

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La confiance, ressource rare

Crédit photo Jean Mercier

De quoi notre société, nos entreprises et nous-mêmes avons-nous le plus besoin Quelle est la ressource rare qui pourra éviter à la récession de se prolonger, à nos banques de faire faillite, à nos relations sociales de se dégrader ? La réponse tient en un mot : la confiance. Professeur d’économie à l’université de Toulouse, Paul Seabright s’est penché sur ce phénomène nous amenant à faire confiance à des millions de gens qui nous sont souvent de parfaits inconnus. Par la même occasion, il nous invite à nous interroger sur ce qu’entraîne la rupture de cette confiance, « comme cela s’est produit récemment dans le monde bancaire, et comme cela s’est produit à de nombreuses reprises au cours de l’histoire ». À ses yeux, la crise financière qui a frappé la planète était « essentiellement un défaut de confiance sociale à très grande échelle ». Son livre tente de mettre en lumière les mécanismes psychologiques et sociaux qui ont rendu possibles nos« sociétés d’inconnus ». Au centre de leur fonctionnement, l’auteur insiste sur l’importance de la notion de coopération et sur le paradoxe qui la rend possible : « Non seulement une confiance sociale généralisée se développe en dépit de l’étroitesse des perspectives individuelles, mais cette étroitesse de vue est indispensable à son maintien. » Nos codes sociaux et professionnels sont indispensables pour assurer la fiabilité des actes individuels de coopération, mais ils génèrent aussi une forme d’aveuglement quant aux conséquences plus lointaines de nos actions. C’est ce qui explique le rôle central du monde du travail dans la transmission des valeurs d’une société. Une façon d’amplifier et de solidifier cette ressource cruciale qu’est la confiance, c’est la division du travail. « Plus la division du travail sera complexe, plus les possibilités de dé-tissage du réseau de confiance sous-jacent seront grandes », avance l’économiste, se fondant sur la théorie de l’« appariement assortatif », ou l’idée que la valeur de ce qu’on produit ne dépend pas seulement de notre talent propre mais aussi du talent et des efforts de ceux avec qui on travaille. En conséquence, si les individus peuvent choisir leurs collègues de travail, ils auront tendance à éliminer les moins qualifiés. Autrement dit, plus on limite notre capital de confiance, plus on crée de l’exclusion. Un mécanisme à l’œuvre dans le monde du travail, qui fournit une bonne clé d’explication du processus ayant conduit la zone euro au bord de l’explosion.

La Société des inconnus. Histoire naturelle de la collectivité humaine, Paul Seabright. Éditions Markus Haller. 550 pages, 28 euros.

Auteur

  • Jean Mercier