logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Dettes à tout prix

Idées | Culture | publié le : 01.01.2012 | Emmanuelle Souffi

Un couple rêve d’ouvrir son restaurant mais finit étranglé par les dettes. La spirale infernale selon Cédric Kahn.

Comme eux, on a envie d’y croire. D’espérer des jours meilleurs, de choper le bon wagon qui mènera tout droit vers la réussite. Mais non, aujourd’hui, il ne suffit pas de soulever des montagnes pour s’affranchir de sa condition. Yann (craquant Guillaume Canet) et Nadia (une Leïla Bekhti tout en émotion) s’accrochent à leur projet de restaurant au bord du lac comme à une bouée en pleine tempête. Elle est serveuse, lui cuisinier. Avec 40 000 euros en poche, ils multiplient les crédits à la consommation de façon à se constituer un faux apport. La banque tombe dans le panneau et leur prête 160 000 euros. Le début de la fin au lieu d’être le signe de leur nouveau départ. 6 000 euros de traites pour même pas un smic à deux…

Petit à petit, le couple se paupérise. Dort dans un mobil-home, tape de l’argent aux collègues, au patron. L’argent qui manque pour financer les travaux de mise aux normes. Sans lui, pas d’issue, pas de moyen d’en sortir. « On vit dans un pays de merde qui ne laisse pas sa chance », crie Yann qui refuse d’abandonner. Nadia, elle, part travailler au Canada et lui laisse son fils.

Révolté par la brutalité du système libéral, Cédric Kahn (l’Ennui, Roberto Succo) décrit avec émotion et réalisme cette mécanique infernale qui avale les plus démunis et les pousse vers l’illégalité. « La pauvreté est devenue un formidable terrain de spéculation, dit-il. On vend du surclassement social et ça produit du déclassement. » Le réalisateur a voulu rendre compte d’une époque où le renoncement peut être aussi une forme de libération.

Une vie meilleure (1 h 50), film de Cédric Kahn. Sortie en salles le 4 janvier.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi