La réforme Sarkozy-Fillon marque une rupture par rapport à celles de 1993 et de 2003. L’augmentation de la durée de cotisation aurait laissé la possibilité d’un choix individuel entre un départ à la retraite précoce avec décote et plus d’années passées à travailler pour bénéficier d’un niveau de retraite plus important. Cette réforme est une régression économique : elle supprime la possibilité de faire un choix qui, lorsqu’il est encadré par un système de décotes et surcotes, est neutre pour l’équilibre financier des caisses de retraite. Alors pourquoi cette réforme ? Parce que beaucoup de Français ne seraient pas touchés par une augmentation de la durée de cotisation. Ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans garderaient un taux plein à 60 ans avec 42 années de cotisation. L’efficacité de la réforme est intrinsèquement liée à son injustice : obliger ceux qui sont entrés tôt sur le marché du travail, souvent dans les métiers les plus pénibles, à reculer leur départ à 62 ans pour atteindre le taux plein. Il faudrait revenir à l’âge légal à 60 ans et passer à 44 années de cotisation à l’horizon 2025. Ce serait une réponse adaptée, efficace et juste.